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Full text of "Grétry"

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Hulst,  Félix  Alexandre 
Joseph  van 
Gretry 


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GRÉTRY, 


FELIX     VAN     Hl'LST. 


F  LU  X     I.IDART.     É  DITKL  P> 

Kl  F.  IH    (RI  CIFIX.    10 

1842 


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GRÉTIVV 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/gretryhulstOOhuls 


v* 


^'ii-ïia'ii'r. 


GRÉTRY, 


FÉLIX    VAN    HULST. 


)SS3i 


FÉLIX   OUDART,   ÉDITEUR 
KVE  DU   CRUCIFIX,    10. 

1842 


L 
9 


1871 


et 


MA    BONNE   MÈRE. 


GRÉTRY. 


La  renommée  des  œuvres  de  Grétry  a  survécu  à 
toutes  les  vicissitudes  qu'a  subies  depuis  cinquante 
ans  la  composition  musicale,  et  les  faits  de  sa  vie 
privée,  qui  intéressent  le  public,  parce  qu'ils  se  rap- 
portent à  l'art  auquel  il  fit  faire  tant  de  progrès , 
il  les  a  racontés  lui-même  ,  dans  ses  Mémoires , 
d'une  manière  piquante  et  qu'il  serait  bien  difficile 
de   reproduire  dans  une  notice.  Il  est  néanmoins 


0  GRETRTf. 

peu  d'illustrations  contemporaines  ou  récentes 
qui  aient  été  déjà  plus  souvent  célébrées  que  la 
sienne.  Outre  les  éloges  prononcés  le  jour  de 
ses  funérailles  par  Aignan  et  Gavaudan,  par  Bouilly 
qui  tenait  un  des  quatre  coins  du  poêle  et  par 
un  musicien  belge  bien  digne  de  louer  Grétry  , 
car  il  y  avait  plus  dïm  genre  de  fraternité  entre 
l'auteur  à'  Euphrosine  et  de  Joseph  et  celui  de 
Richard,  nous  avons,  pour  ne  citer  que  les  plus 
connues ,  une  vie  de  Grétry  ,  par  Amar  ,  insé- 
rée au  Moniteur  du  trente  septembre  1815  ;  une 
autre  publiée  en  1814  par  Joachim  Lebreton  ,  secré- 
taire de  la  classe  des  beaux-arts  de  l'Institut  royal 
de  France  ;  celle  de  M.  Pujoulx  ,  dans  la  Biographie 
Universelle;  celle  de  la  Biographie  nouvelle  des 
Contemporains  par  Arnault,  Jay,  Jouy  et  Norviiss  ; 
le  travail  très-remarquable  que  M.  de  Gerlache  a 
publié  en  1821 ,  sous  le  titre  d'Essai  sur  Grétry., 
à  la  suite  du  procés-verbal  de  la  séance  publique 
de  la  Société  d'Émulation  ;  le  recueil  des  discours 
prononcés  en  1829  à  l'occasion  de  l'arrivée  du  cœur 
de  Grétry  à  Liège,  recueil  dans  lequel  on  distingue 
parliculièremenl  ce  qu'ont  dit,  au  nom  de  la  Société 


GRETRIT.  7 

d'Emulation^  M.  Charles  Rogier,  et  au  nom  de  la 
Société  Grétry ,  M.  Renard-Collardin  •  nous  avons 
enfin  l'importante  notice  que  M.  Fétis  a  faite  pour 
sa  Biographie  universelle  des  Musiciens ,  et  celle  de 
M.  Edouard  Fétis  pour  les  Belges  illustres  du  Pan- 
théon national  ;  Grétry  en  famille^  etc.,  etc. 

Mais  la  plupart  de  ces  ouvrages  tiennent  à  des  re- 
cueils très-dispendieux  et  dont  quelques-uns  même 
seraient  très-difficiles  à  se  procurer  aujourd'hui  : 
c'est  ce  qui  nous  a  déterminé  à  puiser  à  ces  diverses 
sources ,  pour  publier  à  part  une  notice  qui  fût  à 
la  portée  de  tout  le  monde,  et  quoique  nous  ayons 
eu  communication  de  beaucoup  de  lettres  inédites 
de  Grétry,  dont  le  lecteur  s'apercevra  bien  que  nous 
avons  fait  un  assez  fréquent  usage  ;  venu  après  tant 
d'autres,  nous  n'aspirons  aucunement  au  mérite  de 
l'originalité,  et  nous  croirons  avoir  fait  œuvre  suffi- 
samment utile  si  l'on  trouve  que  nous  avons  assez 
bien  résumé  et  coordonné  ce  que  Ton  a  dit  avant 
nous  ,  si  l'on  range  cet  opuscule  parmi  les  bonnes 
compilations. 

Tl  est  bien  peu  de  Liégeois,  et  grâce  au  chemin 
de  fer,   on  pourra  bientôt  dire  qu'il  est,  dans  la 


o  GRETRY. 

classe  lettrée,  peu  de  Belges,  qui  n'aient  été  voir  , 
avec  respect ,  clans  l'un  des  recoins  les  moins  am- 
bitieux de  l'antique  quartier  d'Outre-Meuse,  la  mo- 
deste demeure  où  naquit  le  il  février  1741  André- 
Erînest-Modeste  GRETRY. 

Il  appartenait  à  une  famille  honnête  mais  pauvre: 
son  père,  premier  violon  de  la  collégiale  de  Saint- 
Denis,  l'y  avait  fait  recevoir  enfant  de  chœur  dès  l'âge 
de  six  ans  :  mais  cette  première  éducation  musicale 
fut,  selon  l'usage  du  temps,  un  bien  pénible  et  bien 
rude  apprentissage.  L'intelligence  de  cet  enfant  qui 
devait  briller  un  jour  si  vive  et  se  faire  remarquer 
par  le  philosophe  de  Ferney  lui-même,  rebutée  alors 
par  de  mauvais  traitements,  semblait  refuser  de  se 
produire  sous  un  régime  pédagogique  si  peu  inspi- 
rateur, et  sa  frêle  constitution  paraissait  ne  lui  pro- 
mettre aucun  avenir,  quand  un  accident ,  qui  pou- 
vait lui  coûter  la  vie  ,  vint  toul-à-coup  développer 
ses  facultés  endormies.  Une  solive  du  poids  de  trois 
à  quatre  cents  livres  lui  était  tombée  sur  la  tête  :  le 
crâne  «avait  reçu  ,  comme  on  le  conçoit  de  reste  , 
une  assez  forte  lésion;  mais,  au  milieu  des  souf- 
frances qu'il  éprouvait,  pendant  le  traitement  auquel 


GRETRY.  9 

il  fut  assujetti ,  il  prétendit  dès  lors  voir  beaucoup 
plus   clair  dans  ses  idées,  et  c'est  lui  qui  nous  ap- 
prend que  son  goût  pour  la  musique  devint  très-vif, 
et  qu'il  comprit  avec  netteté  ce  qui  lui  avait  paru  jus- 
ques-là  enveloppé  de  nuages.  Confié  aux  soins  d'un 
professeur  habile  nommé  Leclerc  (qui  fut  depuis 
maître  de  musique  à  la  cathédrale  de  Strasbourg) 
cet  enfant  à  qui  Ton  ne  permettait  plus  de  chanter 
aux  offices  de  Saint-Denis,  même  dans  les  chœurs, 
ne  tarda  pas  à  faire  d'étonnants  progrès  ,  grâce  à  la 
bienveillance  éclairée  de  ce  maître  qui  avait  com- 
pris son  caractère  ,  et  bientôt  le  séjour  d'une  troupe 
italienne  à  Liège  vint  seconder  puissamment  les 
soins  déjà  si    heureux  de   Leclerc.    Cette  troupe 
jouait  principalement  les  opéras  de  Pergolèse  ,  et 
Ton  conçoit  que  la  tête  organisée  pour  créer  cette 
musique   expressive  que  M.   De  Gerlache  a  si  bien 
caractérisée  en  disant  qu'e//e  rappelle  les  paroles  et 
que   les  paroles  la   rappellent ,    devait  tressaillir 
d'aise  et  se  sentir  comme  au  milieu  d'un  élément 
fait  pour  lui ,  quand  il  entendait  exécuter  les  mé- 
lodies aujourd'hui  encore  si  naturelles  et  si  vraies 
de  la  Serva  padrona.  Le  père  de  Grétry  avait  ob- 


10  GRETRY. 

tenu  pour  lui ,  du  directeur ,  une  entrée  à  l'or- 
chestre, où  il  assista  pendantun  an,  comme  il  nous 
l'apprend  lui-même  à  toutes  les  représentations,  sou- 
vent même  aux  7*épctitio?is.  Son  père  crut  alors  que 
le  moment  était  venu  de  réhabiliter  publiquement 
la  réputation  du  jeune  chanteur  expulsé  des 
chœurs  de  Saint-Denis.  Sûr  de  triompher ,  quand  il 
aura  fait  connaître  l'expression  remarquable  que 
l'enfant  savait  donner  à  son  chant ,  il  va  trouver  le 
maître  de  musique  de  Saint-Denis,  le  prie  de  laisser 
chanter  un  motet  par  son  fils  le  dimanche  suivant. 
Le  maître  représente  au  père  qu'il  est  dangereux 
d'exposer  une  seconde  fois  cet  enfant ,  d'autant 
plus  que  les  chanoines  prendront  sûrement  le  parti 
de  le  renvoyer  tout-à-fait  ,  s'il  échoue.  «  J'y  con- 
»  sens ,  dit  le  père ,  s'il  ne  chante  pas  mieux  que 
»  tous  les  musiciens  de  votre  collégiale.  »  Ce  ton 
d'assurance  fait  accepter  la  proposition,  sans  tou- 
tefois inspirer  une  grande  confiance  au  maître  de 
musique.  Le  motet  qu'avait  entrepris  le  jeune 
Grétry  était  un  air  italien  arrangé  pour  ces  pa- 
roles latines  adressées  à  la  Vierge  : 

Non  semper  super  prata 
Casta  florcscit  rosa. 


GRÉTRY.  11 

A  peine  a-t-il  chanté  quatre  mesures,  que  l'or- 
chestre s'éteint  jusqu'au  pianissimo,  dans  la  crainte 
de  perdre  une  de  ses  intonations:   les   chanoines 
accoutumés  aux  sons  monotones  ,    nasillards   et 
heurtés   des  autres  enfants  de  chœur ,    se  lèvent 
étonnés ,  dans  leurs  stalles  ,   cherchant  des  yeux 
celui  qui  se  distingue  ainsi  •  les  camarades  qui  l'en- 
touraient ont  déjà  fait  autour  de  lui  un  cercle  que 
leur  respect  croissant  agrandit  à  chaque  mesure 
qu'il  chante.  Il  avait  commence'  par  jeter  un  coup- 
d'œil  sur  son  père,  qui  lui  avait  répondu   par  un 
sourire  d'encouragement:  parvenu   au  milieu   de 
son  morceau,  du  haut  du  jubé,  il  aperçoit  dans  la 
nef  sa  mère  qui  pleure  d'attendrissement  envoyant 
l'effet  que  produit  son  fils ,    et  lui ,  s'exaltant   en- 
core à  la  vue  des  larmes  de  sa  mère ,  trouve  dans 
sa  voix  des  ressources  inconnues ,  et  des  sons  de 
plus  en  plus  pénétrants.  Les  chanoines  sont  telle- 
ment préoccupés    qu'ils  restent  debout   au  lever- 
Dieu.  Dès  que  le  motet  est  fini ,  chacun  s'empresse 
autour  du  père  pour  le  féliciter.  On  parlait  si  haut 
que  l'office  aurait  été  interrompu,  si  le  maître  do 
chapelle  n'eût  imposé  silence. 


12  GRÉTRY. 

Ce  petit  triomphe  fit  du  bruit.  Les  chanoines  en 
parlèrent  à  la  représentation  du  soir  :  on  s'en  en- 
tretint même  dans  la  loge  du  Prince-Évêque  et 
Rennekin,  organiste  de  la  collégiale,  consentit  à  en- 
seigner les  principes  de  l'harmonie  au  jeune 
virtuose  ,  à  qui  bientôt  après  ,  Moreau,  maître  de 
chapelle  de  Saint-Paul  donna  des  leçons  de 
contrepoint.  Dès  le  premier  jour,  Grétry  s'était 
avisé  de  porter  à  Moreau  une  messe  que,  sans 
principes ,  sans  guide  ,  sans  aucune  connaissance 
des  règles  de  la  composition,  il  avait  presque 
entièrement  achevée.  Moreau  ne  daigna  pas  seule- 
ment jeter  les  yeux  sur  sa  messe  :  «  Reprenez-moi 
»cela,  lui  dit-il;  ajoutez-moi  une  partie  de  chant 
»à  cette  basse  (c'étaient  cinq  ou  six  rondes  écrites 
«sur  un  morceau  de  papier)  et  surtout  ne  composez 
»plus  de  messes.  » 

Mais  la  lenteur  de  cette  méthode,  utile  quand 
elle  est  appliquée  à  un  âge  où  l'imagination  ne 
fermente  pas  encore ,  ne  pouvait  convenir  au  pré- 
coce virtuose  qui  ,  encore  enfant  rêvait  déjà 
rOpéra-bouffe-français.  en  entendant  la  Séria pa- 
drona  de  Pkrgolèse.  et  en  qui  le  besoin  de  produm 


GRETRY.  18 

était  stimulé  par  les  succès  du  chanteur.  «  Je  n'eus 
«pas  assez  de  patience  pour  m'en  tenir  à  mes 
»leçons  de  composition,  dit-il:  j'avais  mille  idées 
»de  musique  dans  la  tête,  et  le  besoin  d'en  faire 
»usage  était  trop  vif ,  pour  que  je  pusse  y  résister. 
»  Je  fis  six  symphonies  :  elles  furent  exécutées  dans 
»  notre  ville  avec  succès.  » 

En  composant  sa  messe  Je  jeune  Grétry  avait 
été  encouragé  par  l'espoir  d'obtenir  du  chapitre  de 
Saint-Paul ,  un  secours  pécuniaire  pour  aller  per- 
fectionner son  éducation  musicale  à  Rome.  Son 
maître  de  contrepoint  lui-même,  Moreau,  sentit  la 
nécessité  de  se  départir  de  la  sévérité  de  sa  méthode 
pour  céder  au  génie  de  son  écolier  :  bientôt  il  se 
mit  à  corriger  soigneusement  sa  messe:  Grétry 
avoue  qu'on  y  trouva  bien  des  fautes  contre  la 
composition-  mais  pas  une  seule  contre  l'expression, 
ajoute-t-il  avec  une  satisfaction  naïve.  L'un  des 
Mécènes  les  plus  zélés  qu'eût  rencontrés  Grétry, 
était  le  chanoine  De  Harlez  :  celui-ci  fit  part  au 
chapitre  du  projet  de  son  jeune  protégé  :  il  en 
obtint  l'ordre  de  faire  exécuter  la  messe  à  la  pro- 
chaine solennité  et  l'octroi  de  la  gratification  si 
vivement  désirée  par  le  compositeur. 


14  GRETRY. 

Voilà  donc  notre  jeune  musicien,  au  comble  de  la 
joie.  Sur  la  fin  de  Mars  1759 ,  il  part ,  à  pied,  le  sac 
sur  le  dos,  en  compagnie  d'un  colporteur  qui 
faisait  chaque  année  deux  voyages  en  Italie  et  qui 
se  chargeait  de  conduire  les  jeunes  gens  que  leurs 
familles  envoyaient  étudier  à  Bologne  ou  au  collège 
liégeois  à  Rome.  C'est  ainsi  qu'il  parcourut  une 
partie  de  l'Allemagne  et  entra  en  Italie  parle  Tyrol  ; 
mais  écoutons-le  raconter  lui-même  l'impression  que 
produisit  sur  cette  âme  ardente  le  pemier  aspect  du 
beau  ciel  de  l'Italie  :  «  La  nature  avait  changé  de 
»  face  en  un  moment:  avec  quel  plaisir  je  metrou- 
»  vai  tout-à-coup  dans  une  prairie  émaillée  de  fleurs  ! 
»  On  eût  dit  qu'un  génie  bienfaisant  nous  avait 
)>  transportés  de  la  terre  aux  cieux:  je  priai  le  mes- 
»  sagerde  me  laisser  jouir  un  moment  de  ce  déli- 
»  cieux  aspect;  mais  quel  fut  mou  ravissement  lors- 
»  que  j'entendis  pour  la  première  fois  depuis  si  long- 
»  temps  des  chants  italiens.  C'était  une  voix  de 
»  femme ,  une  voix  charmante  qui  me  transporta 
)>  par  ses  accents  mélodieux.  Ce  fut  la  première  le- 
»  eon  de  musique  que  je  reçus  dans  un  pays  où  je 
»  courais  m  instruire.  Cette  voix  douce  et  sensible. 


GRÉTRY.  ,5 


»  ces  accents  presque  toujours  douloureux  qu'inspire 
»  l'ardeur  d'un  soleil  brûlant;  ce  charme  de  l'âme, 
»  enfin  ,  que  j'allais  chercher  si  loin,  et  pour  lequel 
»  j'avais  tout  quitté ,  je  les  trouvais  dans  une  simple 
»  villageoise.  » 

Grétry  arriva  donc  dans  la  capitale  des  arts ,  à 
l'âge  de  18  ans  (1759)  précisément  à  l'époque  où 
Piccim  continuait ,  en  le  perfectionnant  par  des 
chants  plus  suaves  encore ,  le  genre  naturel  <at  gra- 
cieux à  la  fois  de  Pergolèse.  Toutes  les  sympathies 
de  Grétry  pour  ce  genre,  qu'il  refit  en  quelque  sorte, 
lorsque  plus  tard  il  l'adapta  au  goût  français  ,  se 
réveillèrent  nécessairement  en  lui  plus  vives  ,  plus 
impérieuses  qu'elles  ne  l'avaient  jamais  été:  il  eut 
néanmoins  la  sagesse  bien  remarquable  de  prendre 
tout  de  suite  un  maître  de  contrepoint,  CASALi,dont 
il  suivit  assidûment  les  leçons  pendant  quatre  ou 
cinq  ans. 

II  se  mit  ensuite  à  composer  des  scènes  déta- 
chées et  des  symphonies  qui  furent  jouées  avec  suc- 
cès dans  les  salons  des  amateurs  les  plus  distin- 
gués ,  et  qui  lui  valurent  un  engagement  pour  le 
théâtre  Alhcrli.  Le  Directeur  le  chargea  de  mettre 


10  GRETRY. 

en  musique  pour  le  carnaval,  deux  intermèdes  qui 
eurent  le  plus  grand  succès  :  h  Vendemiatrici  (  les 
Vendangeuses).  Le  public  romain  accueillit  avec 
enthousiasme  les  essais  du  jeune  compositeur 
liégeois  :  l'auteur  de  la  Cecchina  lui-même  (  Piccini  ) 
applaudit  à  des  succès  qui  n'étaient  pas,  disait-il, 
cherchés  dans  les  voies  battues.  Mais,  comme  toutes 
les  grandes  joies  doivent  avoir  leurs  retours  assez 
tristes ,  le  soir  même  de  son  triomphe  il  trouva  en 
rentrant  chez  lui  l'ordre  de  se  rendre  immédiate- 
ment chez  le  gouverneur  de  la  ville.  Bien  que  sa 
conscience  ne  lui  reprochât  rien  qui  pût  lui  faire 
craindre  l'animadversion  de  la  police ,  ce  ne  fut  pas 
sans  une  sorte  de  répugnance  qu'il  se  résolut  à  obéir. 
Le  gouverneur  lui  déclara  qu'il  avait  encouru  une 
amende  de  cent  sequins  (  cinquante  louis  )  ,  pour 
avoir  manqué  à  l'ordonnance  en  laissant  répéter 
au  théâtre  un  morceau  de  musique  ,  avant  que  le 
représentant  de  L'autorité  y  eût  donné  son  assenti- 
ment, ce  qu'il  manifestait  en  laissant  tomber  un 
mouchoir  blanc  sur  le  bord  de  sa  loge.  «  Hélas . 
»  monseigneur  !  repartit  Grétry  ,  j'étais  si  loin  de 
o  penser  que  je  méritais  les  honneurs  du  mouchoir. 
»  que  je  n'y  ai  pas  pris  garde.  » 


GRÉTRY .  1 7 

Le  gouverneur  ne  pul  s'empêcher  de  rire  ,  el  lui 
adressa  ensuite  plusieurs  questions  sur  la  manière 
dont  il  vivait  au  collège  liégeois  :  satisfait  des  ré- 
ponses du  jeune  compositeur  :  «  Allons,  lui  dit-il 
»  en  le  congédiant  d'une  air  riant:  je  ne  veux  pas 
»  qu'une  amende  vienne  troubler  votre  triomphe  : 
»  mais  une  autre  fois  soyez  plus  exact.  » 

Après  le  succès  des  Vendemiatrici ,  les  parents 
de  Grétry  impatients  de  jouir  de  ses  progrès  le 
pressaient  de  revenirà  Liège,  où  une  place  de  maître 
de  chapelle  était  devenue  vacante.  Il  envoya  un 
morceau  de  sa  composition  pour  le  concours, 
et  obtint  la  place;  mais  il  ne  put  se  décider  à 
partir. 

Cependant  la  comédie  italienne  ,  à  Paris,  subis- 
sait aussi  cà  la  même  époque  des  modifications  qui 
préparaient  les  voies  à  Grétry.  L'entrain  spirituel 
de  Duni  ,  la  verve  inégale  mais  naturelle  de  Philidor 
et  les  gracieuses  naïvetés  de  Monsigny  donnaient  à 
l'opéra  comique  français  des  alkvres  qui  le  dispo- 
saient à  recevoir  sans  effort  l'application  des  mélo- 
dies variées  dont  Grétry  s'apprêtait  à  l'enrichir.  Ce 
fut  une  pièce  de  Monsigny  qui  révéla  au  compositeur 


18  GRETRY. 

liégeois  le  genre  vers  lequel  il  se  sentait  appelé , 
sans  avoir  pu  le  distinguer  nettement  jusques-là. 
Un  attache'  à  l'ambassade  de  France  à  Rome  y  avait 
apporté  la  partition  de  Rose  et  Colas  :  Grétry  la  vit, 
la  relut  avidement,  et  frappé  de  l'accord  que  lui 
offrent,  à  chaque  mesure,  la  déclamation  naturelle 
des  paroles  et  la  marche  mélodique  de  la  phrase 
musicale,  ou,  en  d'autres  termes,  le  sens  des  mots 
et  la  progression  du  chant ,  il  est  enfin  convaincu 
que  le  français  est, comme  l'italien,  susceptible  detre 
chanté  naturellement  :  il  a  reconnu  le  genre  dans 
lequel  il  s'exerçait  sans  le  savoir  et  il  prend  la  réso- 
lution d'aller  chercher  à  Paris  des  paroles  qui  puis- 
sent s'y  accommoder  aussi  bien. 

N'ayant  pour  trésor  que  son  talent  Grétry  fut 
forcé  de  s'arrêter  à  Genève,  pour  y  amasser  de  quoi 
continuer  son  voyage.  L'éloquente  diatribe  de  Jean- 
Jacques  contre  les  spectacles  n'avait  pas  empêché 
d'y  établir  une  salle  qui  était  assez  fréquentée. 
Grétry  refit,  pource  théâtre,  la  musique  d'un  opéra 
de  Favart,  Isabelle  et  Gcrirude,  qui  venait  dëtrejoué 
à  Paris  avec  la  musique  d'un  compositeur  dont  le 
nom  est  aujourd'hui  oublié  (Blaise).    L'opéra  de 


GRETRTf.  19 

Grétry  fut  joué  avec  succès  et  eut  même  six  repré- 
sentations ,  ce  qui  est  beaucoup  pour  une  petite 
ville  comme  était  alors  Genève. 

La  réussite  de  cette  pièce  donna  lieu  à  une 
anecdote  assez  plaisante.  A  la  suite  de  la  première 
représentation  les  jeunes  gens  de  Genève,  fidèles 
imitateurs  des  usages  de  Paris  ,  avaient  demandé  à 
grands  cris  l'auteur,  qui  s'était  tenu  coi  dans  un 
coin  malgré  l'émotion  de  plaisir  que  lui  procurait 
naturellement  son  triomphe.  Le  matin  de  la  seconde 
représentation  ,  Grétry  reçoit  la  visite  d'un  gascon 
établi  à  Genève  depuis  quelque  temps.  «Monsieur, 
»lui  dit  le  visiteur,  je  sais  que  notre  jeunesse  vous 
»fera  violence  si  vous  refusez  de  lui  donner  la  satisfac- 
tion de  vous  applaudir  sur  les  planches.  »  — Mais 
Monsieur,  à  Rome,,  pays  de  la  musique  ,  jamais  au- 
teur ne  s'est  montré  sur  le  théâtre.  —  «  Mon  cher 
«Monsieur,  Genève  ne  prend  jamais  exemple  de 
«Rome.  Point  de  fausse  honte  :  peut-être  ne  savez- 
»vous  pas  faire  la  révérence..?  Je  suis  le  premier 
«maître  de  danse  du  pays  ,  comme  vous  êtes  le  pre- 
»mier  maître  de  musique...  Vous  devez  paraître  ce 
r>  soir  •  permettez-moi   d'avoir  l'honneur    devons 


20  GRETRY. 

»  montrer...  »  Grétry  était  de  trop  bonne  humeur 
pour  ne  pas  bien  prendre  la  chose  :  ilselaissa  faire. 
Le  soir  venu  ,  les  applaudissements  avaient  redou- 
blé, et,  la  pièce  finie,  les  Genevois  crient  à  tue-tête  : 
L'auteur  !  L'auteur  !  Le  jeune  liégeois  s'avance  timi- 
dement sur  la  scène  :  au  milieu  des  bravos  on  dis- 
tinguait dans  le  parterre  une  voix  qui  criait  : 
Avancez  donc —  ce  n'est  pas  cela  —  allons  donc!  etc. 
allons  donc,  etc.  C'était  le  gascon  du  matin .  «Qu'avez- 
»vous  ?  lui  dit  un  voisin  impatienté.  —  Eh  ! 
»mon  Dieu!  ne  voyez-vous  pas  qu'il  a  gâté  son 
«entrée:  est-il  possible  d'être  si  gauche?  figurez- 
»vous  que  je  suis  allé  chez  lui,  ce  matin,  tout 
«exprès ,  pour  lui  apprendre  à  saluer  :  je  serais 
»  perdu  si  on  le  savait  :  un  élève  si  bête  !  » 

Comme  Grétry  donnait  des  leçons  de  musique . 
les  femmes  les  plus  distinguées  de  la  ville  vou- 
lurent lavoir  pour  maître;  en  sorte  qu'il  acquit 
en  fort  peu  de  temps  une  certaine  aisance.  Voltaire 
était  alors  retiré  àFerney  :  Grétry  lui  écrivit  pour  lui 
demander  un  poème.  L'auteur  de  Zaïre ,  de  Ma- 
homet,  de  Mérope  ,  avait  bien  quelques  motifs  d'en 
vouloir  un  peu  à  la  vogue  de  l'opéra  comique,  qui 


GKÉTRY.  21 

faisait  courir  alors  tout  Paris  et  détournait  l'atten- 
tion publique  de  la  scène  qu'il  avait  enrichie  de  lanl 
de  chefs-d'œuvre.  Les  justes  préventions  du  poète  se 
turent  néanmoins  en  présence  du  musicien  homme 
d'esprit ,  comme  il  l'appela  dans  la  première  en- 
trevue. Il  prédit  de  beaux  succès  en  France  à  ce 
jeune  homme  qui  tenait  de  la  nature  et  de  son  pays 
quelque  chose  du  caractère  et  de  l'esprit  fiançais 
et  qui  rapportait  de  l'Italie  les  principes  et  le  goût 
de  la  bonne  musique.  Ce  ne  fut  du  reste  que  deux 
ans  après ,  qu'il  adressa  à  Paris  l'ouvrage  qu'il  lui 
avait  promis  pour  l'opéra  comique.  C'était  le 
Baron  d'Otrante  tire'  de  son  joli  conte  de  L'éduca- 
tion d'un  prince.  Voltaire  en  adressant  cet  ouvrage 
à  Grétry  l'avait  prié  de  présenter  le  poëme  aux  ac- 
teurs de  la  Comédie  italienne ,  comme  l'œuvre  d'un 
jeune  auteur  de  province.  Les  comédiens  avouèrent 
que  l'auteur  n'était  pas  sans  talent  et  qu'il  promettait 
même  beaucoup  ;  ils  refusèrent  toutefois  sa  pièce  ; 
mais  ils  chargèrent ,  en  même  temps  Grétry  de 
mander  au  jeune  homme  que  s'il  voulait  venir  à 
Paris ,  on  pourrait  lui  indiquer  quelques  change- 
ments nécessaires  pour  faire  admettre  et  représenter 


22  GRETRY. 

l'ouvrage, et  qu'avec  de  la  docilité  et  un  peu  d'étude 
de  leur  théâtre,  il  pourrait  lui  devenir  utile  par 
ses  travaux  et  se  rendre  digne  d'y  être  attaché. 
Cette  proposition  fit  beaucoup  rire  sans  doute  l'au- 
teur de  La  Henriadc  qui  aima  mieux  renoncer  aune 
gloire  qu'il  désespérait  d'obtenir  ,  celle  des  succès 
sur  l'ancien  théâtre  d'Arlequin. 

Mais  Grétry  n'en  était  pas  encore  la,  à  lépoque 
dont  nous  parlons  :  ce  n'était  pas  à  Genève  qu'il 
pouvait  trouver  ce  qu'il  avait  en  vue  en  quittant 
Rome,  et  \  oltaire  lui-même  le  pressait  de  réa- 
liser le  projet  qu'il  avait  d'aller  à  Paris. 

Le    plus    difficile   était    de    trouver   un    poëme 
comme  il  en  cherchait.  Grétry  avait  reconnu  dans 
les  pièces  de  Favart  cet  agencement  de  la  phrase 
parlée  tel  qu'il  le  désirait  pour  faire  la  phrase  mu- 
sicale; à  défaut  de  Favart  il  aurait  pris  avec  recon- 
naissance du  Sédaiise  ,  dont  le  faire  lui   plaisait  par 
!e  naturel  et  dont  la  coupe  lui  paraissait  aussi  fort  in- 
telligente;   mais  pourquoi  ces  princes  de  l'opéra 
comique  auraient-ils  été  donner  leurs  pièces  à  un 
débutant,  quand  les  Duny,  les  Philidor  et  les  Mon- 
sigisy  se  les  disputaient  pour  les  porter  â  des  triom- 
phes certains? 


GRETRY.  23 

(ÎRÉTRYfut  donc  obligé  pour  son  début  d'accepter 
d'un  jeune  homme  nomme  Durosoy  ,  plus  inconnu 
qu'il  ne  Pétait  lui-même  alors ,  et  qui  ne  lui  inspi- 
rait d'ailleurs  aucune  confiance  ,  un  poëme  intitulé 
les  Blariages  samnites ,  qui  fut  d'abord  présenté  à 
la  comédie  italienne,  et  refusé,  parce  qu'il  était  d'un 
genre  trop  noble.  Les  auteurs  remirent  leur  pièce 
sur  le  métier  pour  l'accommoder  au  ton  du  grand 
opéra.  Le  poëme  et  la  musique  auraient  pu  dormir 
encore  longtemps  dans  les  cartons  ,  si  le  prince  de 
Conti,  qui  en  avait  entendu  parler,  n'eût  témoigné 
le  désir  de  les  voir  représenter  sur  son  théâtre  par- 
ticulier. Grétry  avait  perdu  à  Paris  près  de  deux 
ans  en  sollicitations  infructueuses  quand,  en  déses- 
poir de  cause ,  il  avait  accepté  ce  malencontreux 
essai  :  pour  comble  de  disgrâce  ,  la  pièce  faite  et 
refaite  avec  tant  de  peine,  éprouva  une  chute  com- 
plète devant  toute  In  cour  de  France.  Deux  hommes 
dont  l'opinion  en  musique  était  d'un  grand  poids 
adoucirent  néanmoins  l'amertume  du  chagrin  que 
cette  chute  aurait  occasionnée  à  Grétry  :  c'était 
d'une  part  le  comte  i>e  Creutz  ,  ambassadeur  de 
Suèdo  .  dont  Suard  avait  procuré  la  connaissance  à 


24  GRÉTRY. 

notre  compatriote. Témoin  de  cet  échec,  il  l'attribua 
en  grande  partie  au  mauvais  vouloir  des  exécutants. 
D'autre  part  l'abbé  Arnaud,  connu  par  les  spirituels 
pamphlets  qu'il  publia,  depuis,  dans  la  querelle  des 
Gluckistes  et  des  Piccinistes ,  partageait  ouverte- 
ment l'opinion  du  comte  de  Creutz  :  «  Vous  n'êtes 
»pas  jugé  ce  soir,  dit-il  tout  haut  à  Grétry;  il  sem- 
»ble  que  tous  les  musiciens  s'entendent  pour  vous 
))écorcher,  mais  vous  vous  relèverez  de  là,  je  vous  le 
«jure  !  »  Ils  y  avaient  mis  en  effet  la  plus  grande 
malveillance.  «  Les  musiciens  de  l'opéra  étaient  ca- 
»pablesde  tout,  dit  à  ce  sujet  M.  de  Gerlache,  contre 
»un  homme  qui  voulait  introduire  le  chant  sur  leur 
»  théâtre.  » 

Il  fallait  toute  l'active  bienveillance  du  comte  de 
Creutz  pour  retirer  Grétry  du  découragement  où 
l'avait  plongé  la  chute  des  Mariages  samnites.  Ce 
fut  ce  protecteur  éclairé  des  arts  qui  décida  Mar- 
montel  à  lui  confier  sa  petite  pièce  intitulée  Le  Hu- 
ron.  «  Le  public  écouta  le  premier  morceau  avec 
»  défiance  dit  Grétry  :  il  me  croyait  italien  parce 
»  que  mon  nom  se  termine  eni  :  j'ai  su  depuis 
»  que  le  parterre  disait  :  nous  allons  donc  encore 


GRETHY.  25 

»  entendre  des  roulades  et  des  points  d'orgue  à  n'en 
»  plus  finir!  »  Cette  pièce,  représentée  lé  20  août 
1768,  alla  aux  nues.  Le  succès  fut  décidé  au  pre- 
mier acte  et  confirmé  à  la  fin  du  second.  Le  duo 
Ne  vous  rebutez  pas ,  et  ce  joli  air  qui  est  resté  dans 
la  mémoire  de  tous  les  amateurs  de  l'époque,  Dans 
quel  canton  est  l'Huronie ,  l'air  de  MUe  Ste.-YvES 
au  second  acte,  et  une  marche  charmante  que 
Grétry  avait  transportée  des  Mariages  samnites 
dans  cette  nouvelle  pièce,  justifieraient  encore  au- 
jourd'hui la  fortune  de  cet  ouvrage.  Le  lendemain 
de  cette  espèce  d'ovation  musicale,  Grétry  sortant 
pour  aller  se  promener  eut  la  satisfaction  de  voir  la 
boutique  d'un  marchand  de  tabac  qui  avait  pris 
pour  enseigne  :  au  Grand  Iluron. 

Voici  en  quels  termes  Grimm  rendait» compte  de 
cette  première  composition  : 

«  Ce  M.  Grétry  est  un  jeune  homme  qui  fait  ici 
son  coup  d'essai  ;  mais  ce  coup  d'essai  est  le  chef- 
d'œuvre  d'un  maître  qui  élève  l'auteur  sans  contra- 
diction au  premier  rang.  Il  n'y  a  dans  toute  la 
France  que  Puilidor  qui  puisse  se  mesurer  avec 
celui-là ,  et  espérer  de  conserver  sa  réputation  et 


26  GRÉTRY. 

sa  place.  Le  style  de  Grétry  est  purement  italien  , 
Philidor  a  le  style  un  peu  allemand  et  en  tout  moins 
châtié.  Il  entraîne  souvent  de  force  par  son  nerf  et 
par  sa  vigueur  •  Grétry  entraîne  d'une  manière  plus 
douce,  plus  séduisante  ,  plus  voluptueuse;  sans 
manquer  de  force  lorsqu'il  le  faut  ,  il  vous  ôte  par 
le  charme  de  son  style  la  volonté  de  lui  résister.  Du 
côté  du  métier  il  est  savant  et  profond  ,  mais  jamais 
aux  dépens  du  goût,  la  pureté  de  son  style  en- 
chante :  le  plus  grand  agrément  est  toujours  à  côté 
du  plus  grand  savoir  ;  il  sait  surtout  finir  ses  airs  et 
leur  donner  la  juste  étendue ,  secret  très-peu  connu 
de  nos  compositeurs.  Vous  avez  pu  remarquer  dans 
le  cours  de  l'extrait  de  cette  pièce  combien  sa  mu- 
sique est  variée:  depuis  le  grand  tragique  jusqu'au 
comique,  depuis  le  gracieux  jusqu'aux  finesses 
d'une  déclamation  tranquille  et  sans  passion ,  on 
trouve,  dans  son  opéra  des  modèles  de  tous  les  ca- 
ractères. Cet  ouvrage  a  réveillé  en  moi  la  fureur  de 
la  musique,  à  laquelle  mes  occupations  m'empèehen  l 
de  me  livrer,  et  que  j'ai  tant  de  peine  à  dompter 
malgré  toute  l'assistance  que  je  reçois  de  la  part  des 
compositeurs  français » 


GRËTRY.  2/ 

Le  succès  éclalant  du  Huron  changea  lout-à- 
coup  la  position  de  Grétry  :  jusque-là  délaissé  ,  il 
se  vit  subitement  obsédé  de  sollicitations  pour 
mettre  en  musique  une  foule  de  pièces.  Un  méde- 
cin ami  de  Grétry  lui  racontait  le  lendemain  qu'il 
s'était  trouvé  au  parterre  entouré  de  la  plupart  de 
ces  Messieurs.  A  la  fin  de  chaque  morceau  ,  ils 
s'écriaient  :  Décidément  il  fera  ma  pièce,  vous  ver- 
rez, Messieurs  ,  l'ouvrage  que  je  lui  destine  I  si  l'on 
finissait  un  air  comique  :  ah  !  j'ai  aussi  de  la  gaîté 
dans  mon  ouvrage;  bravo,  bravo,  c'est  mon  homme! 
—  Mais ,  à  toutes  leurs  instances  Grétry  répondait 
que  l'auteur  du  Huron  avait  bien  voulu  se  hasar- 
der avec  lui,  et  qu'il  lui  devait  une  juste  préfé- 
rence. Quelques  mois  après  il  avait  achevé  en  effet 
la  partition  de  Lucile,  où  Ton  trouve  ce  quatuor  que 
tout  le  monde  connaît  :  Où  peut-on  être  mieux 
qu'au  sein  de  sa  famille)  Mais,  tout  en  accordant 
un  plein  succès  à  cette  seconde  pièce  ,  le  public  , 
comme  nous  l'apprend  Grétry,  s'était  confirmé  dans 
l'idée  que  le  genre  gai  ne  convenait  pas  au  nouveau 
compositeur.  Il  eut  été  difficile  de  mieux  réfuter 
celte  prévention  qu'il  ne   le   fit   en  composant  la 


'28  GRÉTRY. 

musique  du  Tableau  parlant  (17G9).  Il  serait  im- 
possible je  crois  de  donner  à  l'expression  musicale, 
d'ordinaire  assez  vague  ,  assez  indéterminée  en  elle- 
même  ,  des  allures  plus  précisément  gaies  ou  folles 
même,  plus  variéeset  plus comiquesen même  temps; 
et  pourtant  il  avait  suivi  pas-à-pas,  ou  plutôt  bonds 
par  bonds  la  verve  quelque  peu  grivoise  d'ANSEAUME 
et  dans  la  peinture  à' Isabelle  et  de  Colombine  ces 
malicieuses  filles  qui  voudraient  bien  cesser  de 
l'être,  et  de  ce  31.  Cassandre,  cet  amant  suranné  qui 
malgré  son  âge  ,  a  le  ridicule  de  vouloir  plaire 
encore.  «  Cette  pièce  ,  dit  M.  Fétis  ,  plaça  dès 
ce  moment  Grétry  au  rang  des  meilleurs  com- 
positeurs français  :  elle  a  survécu  aux  diverses 
révolutions  que  la  musique  a  éprouvées.  Malgré 
les  conditions  désavantageuses  de  la  comédie  ly- 
rique ,  où  les  airs  se  succèdent  rapidement ,  et 
dans  laquelle  la  même  scène  en  contient  même  plu- 
sieurs, malgré  l'instrumentation  faible,  et  les 
formes  vieillies  de  celle  pièce ,  on  l'écoute  encore 
avec  plaisir  parce  que  les  mélodies  en  sont  char- 
mantes ,  naturelles,  expressives.  »  Rien  de  plus 
gracieux  en  effet  que  la  cantabih  du  duo  de  Coloin- 


GKETRY.  29 

bine  et  de  Pierrot  :  les  airs  Je  suis  jeune ,  je  suis 
fille _,  Il  est  certains  barbons,  Vous  étiez  ce  que  vous 
n'êtes  plus,  sont  devenus  des  proverbes  en  musique 
et  tellement  connus  que,  comme  l'a  très-bien  obser- 
vé M.  De  Gerlacheu  \h  fournissent  àla conversation 
»des  allusions  toujours  sûres,  sans  le  secours  des  pa- 
»  rôles.  » —  «  C'est  un  modèle  de  musique  comique 
et  bouffone  ,  disait  Grimm  ,  qui  avait  assisté  aux 
premières  représentations  :  cela  est  à  tourner  la 
tète  :  le  compositeur  ira  loin  s'il  vit  ;  son  style  clair 
et  facile  fait  que  le  succès  de  ses  pièces  n'est  jamais 
douteux  un  instant,  et  se  fait  entendre  des  ignorants 
comme  des  connaisseurs.  » 

J.  J.  Rousseau  dont  le  Devin  du  village  suffirait 
pour  attester  qu'il  sentait  parfaitement  la  musique 
expressive  et  naturelle  ,  aimait  beaucoup  celle  du 
Tableau  parlant .  Quelqu'un  cherchant  un  prétexte 
pour  le  voir ,  alla  lui  demander  une  copie  de  l'air  : 
Vous  étiez  ce  que  vous  71  êtes  plus.  On  sait  que  Jean 
Jacques  faisait  le  métier  de  copiste.  «Je  l'ai  déjà  copié 
>  au  moins  dix  fois  ,  répond  Fauteur  d'Emile,  et  je 
»  le  recommence  toujours  avec  un  nouveau  plaisir.» 
Trois  succès  obtenus  dans  l'espace  d'une  année 


30  GRETRï. 

avaient  amplement  justifié  les  espérances  qu'avaient 
conçues  de  lui,  le  comte  de  Creijtz  et  l'abbé  Arnaud. 
Ces  deux  derniers ,  et  Marhontel  se  réunissaient  de 
temps  en  temps,  avec  Caillot  et  M.  et  Me  La- 
ruette,  dans  de  petits  soupers  charmants  oùGrétry 
exécutait  au  piano  la  musique  de  ses  pièces 
nouvelles,  avant  de  les  exposera  la  répétition  du 
théâtre.  On  sent  combien  ces  réunions,  que  le 
choix  ,  l'esprit  et  la  gaité  des  convives  rendaient 
délicieuses,  étaient  propres  à  perfectionner  et 
polir  l'éducation  littéraire  et  musicale  de  Grétry. 
Caillot  avait  un  tact  si  sûr  et  une  si  grande  expé- 
rience des  effets  de  la  scène,  que  les  auteurs  s'en 
rapportaient  le  plus  souvent  à  ses  avis  et  s'en  trou- 
vaient bien.  Après  une  première  représentation 
parfois  orageuse ,  c'était  lui  qui  indiquait  les  mor- 
ceaux qu'il  fallait  sacrifier ,  et  ceux  qui  n'avaient 
besoin  que  d'une  épreuve  nouvelle  pour  être  mieux 
saisis.  Grimm  le  comparait  comme  acteur  à  Garrick 
et  à  Préville.  Comme  chanteur  il  avait  une  voix  si 
étendue  ,  que  dans  une  pièce  intitulée  La  nouvelle 
Troupe,  il  se  présentait  successivement  pour  chanter 
la   haute-contre,    la   taille  h    la    basse,   et  l'on 


GRETKY.  31 

assure  qu'il  aurait  pu  remplir  en  effet  les  trois 
emplois  également  bien.  L'abbé  Arnaud  amateur 
passionné  des  beaux-arts  ,  dont  il  connaissait  par- 
faitement la  théorie.,  en  parlait  avec  d'autant  plus 
de  verve  et  d'abondance  ,  qu'il  prenait  plus  rare- 
ment la  plume ,  pour  épancher  les  idées  qui  lui 
venaient  en  foule.  Suard  qui  était  parvenu  à  se 
faire  une  réputation  de  bon  littérateur  sans  autres 
titres  que  des  traductions  et  des  brochures ,  et  qui 
sut  la  conserver  par  la  sûreté  reconnue  de  son  goût, 
était  aussi  un  homme  dont  l'entretien  devait  être 
singulièrement  profitable  au  milieu  d'un  cercle 
ainsi  composé.  Grétry  cite  encore  parmi  eux  un 
homme  que  nous  rappellerons  également,  parce  que 
ce  qu'il  en  dit  caractérise  d'une  manière  extrême- 
ment heureuse  la  fraternité  des  arts,  que  les  anciens 
avaient  si  bien  sentie  quand  ils  ont  fait  les  muses 
sœurs.  C'est  le  fameux  peintre  de  marine  Vernet. 
Vernet  ,  disait  Grétry  ,  me  parlait  musique  en 
croyant  me  parler  peinture. 

Tout  le  monde  sait  aujourd'hui  que  dans  la  lutte 
si  acharnée  des  Gluckistes  et  des  Piccinistes ,  les 
deux  partis  avaient  à  peu-près  également  raison  , 


GRETRY 


sauf  en  ce  qu'ils  avaient  d'exclusif .  aussi  Sacchini 
les   mit-il  presque  d'accord   par  le   succès  prodi- 
gieux de  sou  OEdipe  à  Colone.  Mais  un  fait  qu'on 
n'a  peut-être  pas  assez   relevé  et  qui    contribua 
sûrement  beaucoup  à  assurer  son  triomphe,  en  éta- 
blissant ces  justes  rapports  si  difficiles  à  trouver 
entre  la  mélodie  expressive  d'un  chant  naturel ,  et 
l'harmonie  musicale  ,  qui   doit  la  soutenir  et  non 
l'écraser;  c'est  qu'en  sa  qualité  d'étranger,  Sacchini 
craignait   de  mal  observer  la  prosodie  française , 
beaucoup  plus  difficile  à  bien  saisir  que  celle  des 
langues  accentuées;  à  cet  effet  il  se  faisait  soigneu- 
sement déclamer  chaque  phrase  du  poëme  ,  par  les 
meilleurs  acteurs  de  l'époque  avant  d'entreprendre 
d'y  attacher  une  note  de  musique.  Tel  était  aussi 
le  secret  de  Grétry  ,  qui  obtenait  dès  lors ,  sur  la 
scène  de  l'opéra  comique ,  les  succès   que  Sacchini 
obtint  plus  lard  sur  la  scène  tragique.  Souvent  Gré- 
try exécutait  ou  déclamait  devant  Mlle  Clairon  ,  un 
morceau  dont  il    avait   ébauché  la  notation  ;  cette 
célèbre  actrice  le  reprenait  en  le   déclamant  à  sa 
manière.  Grétry  1  étonnait  à  son  tour  par  la  facilite' 
qu'il  avait  de  copier  ses  intonations,  ses   intervalles, 


GRKTRY.  ??> 

ses  accents;  mais  ce  n'était  plus  de  la  déclamation, 
c'était  du  chant. 

L'année  1770  vit  encore  apparaître  sur  la  scène 
lyrique  de  la  comédie  italienne  trois  nouveaux 
opéras  de  Grétry,  Sylvain,  Les  deux  Avares  et 
L'Amitié  à  l'épreuve,  les  deux  premiers  eurent  un 
succès  incontestable  et  le  troisième  ne  méritait  pas 
moins  ,  au  jugement  de  M.  Fétis  ,  qui  en  trouve  la 
musique  fort  bonne  et  dit  que  c'est  un  des  ouvrages 
les  mieux  écrits  de  l'auteur.  Dans  Sylvain  les  ama- 
teurs du  genre  pastoral  noble  citent  volontiers  l'air 
Ne  crois  pas  qu'un  bon  ménage ,  qui ,  selon  l'expres- 
sion de  M.  de  Gerlache,  respire  bien  la  tendresse 
d'une  mère,  celui  de  Lucette  :  Je  ne  sais  pas  si  ma 
sœur  aime,  qui  est  d'une  ingénuité  charmante,  et 
le  duo  d'Hélène  et  de  Sylvain,  auquel  M.  Fétis  re- 
proche pourtant  de  n'être  pas  écrit  dans  les  limites 
naturelles  des  voix. 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  nous  arrêter 
à  ce  reproche  ,  qui,  s'il  est  mérité  ,  trouverait  peul- 
être  si  non  sa  justification  complète  au  moins  son 
excuse  partielle  dans  les  qualités  extraordinaires  des 
voix  sur  lesquelles  Grétry  pouvait  compter.  Mais 


34  GRKTRY. 

malgré  cet  avantage,  ce  n'est  pas  lui  qui  serait  tombé 
assez  souvent  dans  ce  défaut ,  pour  briser  en  quel- 
ques années  les  plus  beaux  timbres  :  et  il  avait  pour 
cela  plusieurs  motifs  qu'il  est  assez  curieux  de  lui 
entendre  développer  lui-même  : 

«  Il  est  bien  dangereux ,  disait-il ,  de  se  livrer  à 
»ce  débordement  de  musique  qui  épuise  tous  les 
»  effets  dont  on  a  besoin  dans  la  suite  d'un  drame. 
»  Je  n'ai  jamais  parlé  de  cet  abus  avec  mes  confrères 
>>Méuul,  Leïïoine  ,  Cheribim,  Lesueur,  qu'ils  ne 
»  m'aient  témoigné  leurs  craintes  sur  ses  suites  fu- 
»nestes.  Ils  conviennent  tous  que  1  harmonie  est 
«aujourd'hui  (1797  !  )  compliquée  au  dernier  point; 
»que  les  chanteurs  et  les  instruments  ont  franchi 
nleîir  diapason  naturel  ;  que  plus  de  rapidité  dans 
»  l'exécution  rendrait  notre  musique  inappréciable 
»pour  l'oreille  et  qu'enfin  un  pas  de  plus  nous  jet- 
terait dans  le  chaos.  Tout  nous  commande  donc  de 
)> rétrograder  vers  la  simplicité.  » 

Ne  semble-t-il  pas  que  les  vérités  énoncées  dans 
retle  page,  forte  de  l'autorité  de  Mehul,  de  Lesueur, 
de  Lemoine  et  de  Gherubini,  avaient  dû  être  profon- 
dément méditées  par  Belliiu,  quand  il  composa  les 


GRÉTRT.  3!'» 

plus  beaux  morceaux  des  Puritani  ,  de  la  Nérma 
et  de  la  Sonnambula?  et.  en  nous  rendant  ici  l'écho 
des  regrets  universels  qu'inspira  la  perte  préma- 
turée du  suave  compositeur  italien  ,  avons-nous 
cessé  de  nous  occuper  de  Grétry,  ou  du  moins  des 
sentiments  qui  l'animèrent  toute  sa  vie ,  pour  les 
progrès  d'un  art  qui  faisait  sa  gloire  et  qui  fait  en- 
core nos  délices? 

Mais  revenons  aux  opéras  qu'il  fit  en  1770.  Nous 
avons  constaté  le  succès  de  Sylvain,  aies  deux  Avares 
ne  sont  plus  joués  parce  que  le  genre  de  la  pièce 
n'est  plus  à  la  mode,  dit  M.  Fétis,  on  y  trouve  pour- 
tant, ajoute  ce  juge  bien  compétent,  un  duo  du 
meilleur  comique  :  Prendre  ainsi  cet  or ,  ces  bijoux, 
un  chœur  de  janissaires  excellent  :  Ah!  qu'il  est 
bon,  qu'il  est  divin!  et  plusieurs  autres  morceaux 
agréables.  » 

Le  succès  éclatant  de  l'opéra-féerie  Zémire  et 
Azor,  qui  fut  joué  à  Fontainebleau  dans  l'automne 
de  1771,  produisit  le  talent  de  Gkétry  sous  un 
aspect  nouveau.  Ainsi  que  ledit  M.  Fétis,  dont  nous 
aimons  à  répéter  les  éloges  parce  qu'ils  ont  d'autant 
plus  de  poids  qu'il  n'en  est  pas  prodigue  :   «  L'ima 


\ 


3()  GRETRY. 

gination  de  Grétry  s'y  montre  dans  toute  sa  fraîcheur: 
jamais  il  n'avait,  été  plus  riche  de  motifs  heureux 
que  dans  cet  opéra.  Rien  de  plus  piquant  que  l'air 
Les  esprits  dont  on  nous  fait  peur  ;  rien  de  plus 
suave  que  le  rondo  Du  moment  qu'on  aime,  etc. 
Malgré  les  transformations  de  certaines  parties  de  la 
musique,  de  pareilles  inspirations  ne  peuvent  cesser 
d'être  belles  ni  d'intéresser  les  artistes  sans  pré- 
jugés.  » 

Nous  ne  pouvons  résister  au  plaisir  de  transcrire 
encore  ici  littéralement  ce  que  dit  M.  de  Gerlache 
de  cet  opéra  qu'il  avait  vu  exécuter  d'une  manière 
parfaite. 

a  Les  féeries  sont  toujours  froides  à  moins  que 
l'auteur  n'ait  eu  l'art  de  faire  oublier  les  invrai- 
semblances de  la  fable  par  la  vérité  des  caractères  et 
des  passions  ou  par  l'intérêt  des  situations.  On  ne 
s'émeut  guères  de  ce  qu'on  ne  croit  point  :  aussi 
celte  pièce  en  elle-même  intéresse  peu,  mais  quelle 
musique  délicieuse,  quelle  gaîté  et  quelle  fraî- 
cheur dans  l'air  d'Ali:  Les  esprits  dont  on  nous  fa  if 
pour!  quel  air  pur,  sublime  ,  antique  et  religieux 
que  le  trio:    Veillons  nus  sanirs !  le  musicien   ne 


GRETRY.  87 

laisse-t-i!  pas  ici  lo  poëte  bien  loin  derrière  lui  ? 
le  trio  du  tableau  magique  au  5e  acte  entre  Sonder 
et  les  deux  filles  qui  lui  restent:  l'air,  Ah!  laissez- 
moi,  laissez-moi  la  pleurer-,  l'accompagnement  de 
clarinettes,  cors  et  bassons  qui  se  fait  entendre 
derrière  le  tableau  magique  ,  tandis  que  l'orchestre 
se  tait ,  sont  d'un  effet  vraiment  enchanteur.  Mais, 
comme  l'exécution  de  cette  pièce  demande  beaucoup 
d'ensemble  et  de  précision ,  il  est  rare  qu'elle  ne 
laisse  à  désirer  :  les  accents  passionnés  de  Clairval, 
et  la  dignité  de  son  maintien  ,  faisaient  bientôt  ou- 
blier, dit  Grétry,  ce  que  les  traits  du  monstre 
avaient  d'effrayant  :  il  attirait  tous  les  cœurs  à  lui 
en  chantant  Ah!  quel  tourment  d'être  sensible!  et  il 
montrait  en  effettoute  la  sensibilité  d'un  amant  crain- 
tif dans  l'air,  Du  moment  qu'on  aime.  Lorsque  Azor 
se  présente  aux  regards  de  Zémire ,  la  terreur  de 
celle-ci  doit  être  extrême.  Mme  Laruette  jouait  cette 
scène  à  merveille  :  par  combien  de  nuances  elle 
savait  passer  de  la  crainte  du  monstre  à  l'amour  le 
plus  tendre  :  supprimez  la  pantomime  et  le  jeu  de 
ces  excellents  acteurs,  et  vous  aurez  Zémire  et  Azor 
tel  que  nous  l'avons  vu  représenter  souvent. 


38  GRÊTRY. 

On  sait  que  cette  pièce  a  été  reprise  à  Paris  avec 
le  plus  grand  succès  il  y  a  deux  ans ,  et  qu'elle  est 
restée  au  répertoire  ,  au  même  rang  que  les  pièces 
nouvelles  les  plus  goûtées. 

Quand  elle  était  encore  dans  sa  nouveauté ,  un 
Français  se  rendant  en  Allemagne,  à  l'époque  où  les 
théâtres  de  province  commençaient  seulement  à 
la  monter ,  la  vit  annoncer  pour  le  même  jour  à 
trois  théâtres  différents  et  en  trois  langues,  en 
français ,  en  allemand  et  en  flamand.  C'était  à  une 
foire  de  Francfort. 

L'Ami  de  la  maison  est,  au  jugement  de  l'écrivain 
que  nous  venons  de  citer ,  de  tous  les  opéras-co- 
miques de  Marmontel  celui  qui  se  rapproche  le  plus 
du  ton  de  la  comédie  :  aussi  avons-nous  été  surpris 
de  lire  dans  M.  Fétis  que  c  était  un  tour  de  force, 
que  d'avoir  pu  intéresser  par  la  musique  dans 
une  comédie  aussi  froide ,  et  si  longue.  C'est  pour- 
tant cette  pièce  que  citait  de  préférence  M.Pujoulx, 
littérateur  fort  estimable ,  quand  il  voulait  témoi- 
gner à  Grétry  son  admiration  sur  l'art  avec  lequel  il 
savait  faire  accorder  entr'elles  les  paroles  et  la  mu- 
sique; et  loin  de  trouver  le  compliment  mauvais, 


GKETRY. 


Grétry  répondait  avec  cette  bonhomie  de  satisfac- 
tion naïve,  qu'il  avait  habituellement  avec  ses 
amis  :  «  N'est-ce  pas  ,  on  dirait  que  c'est  Marmontel 
»  qui  a  fait  la  musique,  et  que  j'ai  fait  le  poème?» 

A  Y  Ami  de  la  maison  succédèrent  assez  prompte- 
ment  le  Magnifique ,  qui  ne  réussit  pas  et  qui 
semble  avoir  été  justement  appre'cié ,  la  Rosière  de 
Salency  ,  paroles  du  marquis  de  Pezay  ,  où  tout 
est  encore  frais  et  gracieux ,  comme  cet  air  que 
tout  le  monde  connaît ,  Ma  barque  légère  ;  et  la 
Fausse  magie ,  dont  Marmontel  avait  grand  tort , 
cette  fois  surtout  f  de  s'attribuer  tout  le  succès. 
Grétry  regardait  le  premier  acte  de  cette  pièce  , 
comme  ce  qu'il  avait  fait  de  plus  estimable.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain  c'est  que  le  duo  :  Quoi  c'est  vous 
qu'elle  préfère!  est  d'une  vérité  dramatique  qu'il 
n'est  pas  possible  d'outre-passer. 

Grétry  nous  apprend ,  dans  ses  mémoires ,  que 
ce  fut  à  une  représentation  de  la  Fausse  magie  au  il 
fut  présenté  à  Jean  Jacques  Rousseau.  Voici  comme 
il  raconte  cette  entrevue  qu'on  ne  peut  passer  sous 
silence  dans  une  notice  biographique  sur  Grétry  : 
«  J'entendis  quelqu'un  qui   disait:    M.    Rousseau  } 


-40  GRE1RY. 

voilà  Grétry  que  vous  demandiez  tout-à-1'heure  ! 
je  volai  auprès  de  lui ,  je  le  considérai  avec  atten- 
drissement. Que  je  suis  aise  de  vous  voir  !  me  dit-il, 
depuis  longtemps  je  croyais  que  mon  cœur  setait 
ferme  aux  douces  sensations  que  votre  musique  me 
fait  encore  éprouver.  Je  veux  vous  connaître,  Mon- 
sieur ,  ou  pour  mieux  dire,  je  vous  connais  déjà  par 
vos  ouvrages,  mais  je  veux  être  votre  ami.  Ah! 
Monsieur,  lui  répondis-je ,  ma  plus  douce  récom- 
pense est  de  vous  plaire  par  mes  talents!...  — 
Ètes-vous  marié?  —  Oui.  —  Avez-vous  e'pousé  ce 
qu'on  appelle  une  femme  d'esprit  ?  —  Non.  — 
Je  m'en  doutais.  —  C'est  une  fille  d'artiste  elle  ne 
dit  jamais  que  ce  qu'elle  sent.  —  Je  m'en  doutais. 
Oh  !  j'aime  les  artistes  :  ils  sont  enfants  de  la 
nature...  Je  veux  connaître  votre  femme  et  je  veux 
vous  voir  souvent.  Je  ne  quittai  pas  Rousseau  pen- 
dant le  spectacle  _,  il  me  serra  deux  ou  trois  fois  la 
main  pendant  la  Fausse  Magie  ;  nous  sortîmes 
ensemble,  j'e'tais  loin  de  penser  que  c'était  la 
première  et  la  dernière  fois  que  je  lui  parlais  !  en 
passant  par  la  rue  Française  ,  il  voulut  franchir  des 
pierres  que  les  paveurs  avaient  laissées  dans  la  rue: 


GRETRY.  41 

je  pris  son  bras  et  lui  dis:  prenez  garde,  Monsieur 
Rousseau  !  il  me  quitta  brusquement  en  disant  : 
laissez-moi  me  servir  de  mes  propres  forces  !...  Je 
fus  anéanti  par  ces  paroles  :  les  voitures  nous  sé- 
parèrent ;  il  prit  son  chemin  et  moi  le  mien  ;  et 
jamais  depuis  je  ne  lui  ai  parlé.  » 

Si  l'auteur  de  Y  Histoire  d'ailleurs  très-intéressante 
de  la  vie  et  des  écrits  de  J.  J .  Rousseau  ,  M.  Musset- 
Pathay  avait  accorde  à  quelques  traits  du  genre  de 
celui  que  nous  venons  d'emprunter  à  Grétry  , 
l'attention  qu'ils  méritaient,  il  se  fût  plus  fré- 
quemment abstenu  de  prodiguer  le  blâme  aux  con- 
temporains de  J.  J.  Rousseau  pour  relever  le  mérite 
incontestable  de  son  idole. 

Nous  sommes  parvenu  à  l'époque  de  la  grande 
querelle  musicale  des  Gluckistes  et  des  Piccinistes, 
(Gluck  était  venu  à  Paris  en  1774  et  Piccini  à  la 
fin  de  1776). 

L'engoùment  successif  du  public  pour  les  pièces 
de  ces  deux  habiles  compositeurs  de  mérite  divers, 
avait  donné  à  la  grande  scène  lyrique  une  impor- 
tance qui,  pendant  un  temps,  fit  presque  oublier  sa 
plus  modeste  rivale.  Gluck  avait  failli  m' étouffer , 


42  GRETRY. 

dit  Grétry  ;  mais  ,  avant  de  faire  cet  aveu  qui,  à  la 
distance  où  il  était  alors  de  l'événement,  devait 
coûter  fort  peu  à  son  amour-propre  ,  il  avait  sans 
doute  éprouvé  quelques  insomnies  :  il  fît  du  moins 
d'assez  nombreux  efforts  pour  obtenir  aussi  un  nom 
dans  la  tragédie  lyrique.  Céphale  et  Procris , 
Andromaque,  Aspasie,  et  Denys-le-Tyran  attestent 
une  persévérance  remarquable  malgré  le  peu  de 
succès  qu'il  obtenait  et  l'auteur  déjà  tant  fêté  du 
Huron ,  de  Lucile,  du  Tableau  parlant ,  de  Zémire 
et  Azor ,  de  La  Rosière  de  Salency  et  de  la  Fausse 
Magie  semblait  ne  devoir  pas  s'accoutumer  aisé- 
ment à  l'idée  d'une  chute  succédant  à  d'autres 
chutes. 

Grétrt  se  releva  bientôt  en  retournant  au  genre 
dans  lequel  il  régnait  désormais  sans  rival ,  avec  le 
Jugement  de  Midas  et  Y  Amant  jaloux  (1778). 

Son  amour-propre  éprouvait  quelque  peu  le 
plaisir  de  la  vengeance  en  composant  le  Jugement 
de  Midas.  satyre  allégorique  assez  mordante  contre 
la  manière  dont  chantaient  encore  alors  les  par- 
tisans des  anciennes  traditions  de  l'opéra  ,  c'est- 
à-dire  les  élèves  de  ceux  qui  avaient  conspiré  si 
cruellement  contre  ses  Mariages  samnites. 


GRETRY. 


4S 


Ce  fui  à  l'occasion  du  Jugement  de  Midas  que 
Voltaire  adressa  ce  qualrain  à  Grétry  : 

«  La  cour  a  dénigré  tes  chants  ; 
»  Paris  applaudit  tes  merveilles  : 
»  Grétry ,  les  oreilles  des  grands 
»  Sont  souvent  de  grandes  oreilles.  » 

L'Amant  jaloux ,  imité  d'une  pièce  anglaise 
(  The  Wonder) ,  offre,  ainsi  que  le  Jugement  de 
Midas,  cette  circonstance  bien  remarquable  et 
qui  dut  nécessairement  paraître  très-piquante  dans 
sa  nouveauté,  que  les  paroles  ,  qui  sont  d'un 
français  d'ailleurs  très-correct  et  pétillantes  d'es- 
prit ,  étaient  l'œuvre  d'un  e'tranger  ,  et  ce  qui 
semble  plus  étonnant  encore,  d'un  anglais.  D'Héle 
en  anglais  Haïes)  à  qui  Grétry  a  consacré  dans  ses 
Mémoires  quelques  pages  spirituelles  et  piquantes  « 
était  en  effet  un  anglais  d'un  caractère  fort  original 
qui  cachait  sous  les  apparences  du  flegme  britan- 
nique des  passions  vives  et  profondes.  «  Il  conçut 
»  l'opéra  comique,  ditM.  de  Gerlache,  plus  fortement 
»que  les  auteurs  qui  avaient  traité  le  même  genre 
«avant  lui.  Il  serre  ses  intrigues  et  multiplie  les  si- 


44  GRETRr. 

filiations,  son  dialogue  est  vif,  animé,  semé  de  traits 
»  comiques  ;  ses  caractères  sont  bien  marqués  et 
»  ordinairement  en  opposition.  » 

Telle  était  aussi  l'opinion  du  sévère  aristarque 
qui  réglait  alors  dans  le  Mercure  ou  sanctionnait  les 
jugements  littéraires  sur  les  succès  ou  les  chutes 
des  œuvres  dramatiques. 

((  S'il  fallait,  dit  Laharpe,  après  avoir  loué  toute 
la  musique  et  particulièrement  les  morceaux  : 

Il  ne  sait  plus  que  dire  ; 
II  ne  s'emporte  plus  ; 
Il  gémit ,  il  soupire  : 
Ah!  qu'il  a  l'air  confus. 


et 


et 


Ou  elle  a  de  pouvoir  sur  son  âme  ! 
Elle  n'est  pas  encore  sa  femme , 
On  le  voit  bien. 

La  plaisante  aventure  ,  etc. 


«  S'il  fallait,  dit-il ,  donner  le  prix  à  l'ensemble 
»le  plus  parfait  et  le  plus  étonnant,  conçu  entre 
«l'auteur  et  le  compositeur,  et  le  plus  longtemps 
«soutenu  avec  autant  de  variété  que  de  justesse,  je 
urne  rangerais  à  l'avis  de  ceux  qui  ont  assigné  celte 


r 


GRÉTRY.  4J5 

»palme  à  X  Amant  jaloux.  Je  préfère  le  lalent  cIcFa- 
»  vaut,  à  celui  de  D'Hèle  et  celui-ci,  comme  écrivain, 
»Ie  cède  à  son  devancier  ;  mais  Favart  n'a  point  eu 
«un  Grétry,  et,  grâces  à  tout  l'esprit  que  ce  grand 
«artiste  à  réuni  à  celui  de  D'Hèle,  Y  Amant  jalon  œ  mu 
»  paraît  jusqu'ici  le  chef-d'œuvre  de  Topera  comique.  » 

L'année  1779  fut  encore  marquée  par  le  succès 
des  Événements  imprévus  ,  dont  les  paroles  étaient 
aussi  de  D'Hèle  ,  qui  en  avait  emprunté  le  sujet  à 
un  ancien  canevas  italien ,  Di  pegyio  in  peygio  , 
et  d'Aîtcassin  et  Nicolette ,  pièce  dans  laquelle 
les  admirateurs  de  Grétry  se  plaisent  à  reconnaître 
le  coloris  gracieux  et  naïf  de  l'ancien  fabliau,  auquel 
le  sujet  est  emprunté,  tout  en  regrettant  que  rail- 
leur des  paroles  (Sédaine)  naît  pas  mieux  réussi 
à  le  prendre  lui-même. 

A  la  première  représentation ,  Sédaine  était  dans 
la  coulisse  à  côté  de  Grétry,  quand  le  public  insista 
pour  faire  répéter  l'air  que  chante  le  pâtre  au 
troisième  acte  :  Ah  !  que  de  pièces  d'or  !  —  Peste 
soit  de  ton  air ,  dit  Sédaine  ,  avec  humeur,  et  Grétry 
lui  demandant  le  motif  de  cette  brusque  incartade: 
«  Parbleu  .    lui  dit-il .  si  le  public  s'intéressait  le 


46  GRETRY. 

moins  du  monde  aux  amours  d'Aucassin  et  de  Ni- 
colette  songerait-il  à  crier  bis  après  ton  air  ?  » 

Pendant  les  répétitions  de  cette  pièce  ,  un  admi- 
nistrateur fit  prier  Grétry  de  se  rendre  au  comité, 
où  on  lui  dit  qu'il  était  urgent  de  hâter  la  représen- 
tation ,  si  l'on  ne  voulait  faire  perdre  à  cet  ouvrage 
tout  le  charme  de  la  nouveauté.  —  Comment  cela? 
demanda  Grétry.  — Par  la  raison,  lui  répondit-on, 
que  les  garçons  de  théâtre  ,  les  allumeurs  et  les  ba- 
layeurs chantent  tous  vos  airs  à  tue-tête  depuis  le 
matin  jusqu'au  soir. 

Liège  était  naturellement  fière  alors  d'avoir  donné 
naissance  au  célèbre  compositeur  qui  multipliait 
ainsi  ses  succès  ;  et  elle  montra  tout  le  prix  qu'elle 
y  attachait  par  les  honneurs  publics  qu'elle  fit  dé- 
cerner à  Grétry  à  peine  parvenu  au  milieu  de  sa 
carrière. 

Dès  le  24  janvier  1780,  nous  voyons  le  Conseil  de 
la  cité,  «  toujours  attentif  (ce  sont  les  termes  de  la 
"délibération  officielle)  (1)  à  encourager  nos  compa- 

(1)  Que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Leclerc,  chef  de  la  di- 
vision de  I  ctat-civil  à  Liège. 


GRETRY.  ^ 

»triotes  qui  se  distinguent  par  leurs  talents  ,  et  vou- 
lant rendre  hommage  public  et  permanent  au  cé- 
lèbre Grêtry  qui  a  enrichi  la  scène  française  par 
«tant   de   chefs-d'œuvre  en  musique,  le  Conseil 
»est  d'avis  que  son  buste  soit  placé  sur  l'avant-scène 
»du  théâtre  de  la  salle  de  spectacle  appartenant  à 
»la  cité  ,  afin  que  par  ce  monument,  la  mémoire 
»de  cet  auteur  célèbre,  qui  fait  honneur  à  la  na- 
tion  liégeoise  ,    se   transmette  à   la  postérité  la 
»  plus  reculée,  ordonnons  en  conséquence  de  faire 
«faire  le  buste  en  marbre  blanc.  » 

Le  51  janvier,  le  même  Conseil  s'assemble  de 
nouveau  pour  voter  une  récompense  au  sieur 
Alexandre ,  Vun  des  comédiens  de  la  principauté, 
pour  le  drame  lyrique  qu'il  avait  composé  à  l'occa- 
sion de  l'érection  du  faiste  et  du  couronnement  de 
31.  Grétry  notre  concitoyen. 

A  partir  de  ce  moment  le  buste  de  Grétry  fut 
placé  dans  la  salle  de  spectacle  de  Liège,  en  face  de 
la  loge,  où  le  Prince-Évêque ,  entouré  des  chanoi- 
nes qui  partageaient  son  goût  pour  les  beaux-arts, 
vebait  chaque  soir  applaudir  aux  chefs-d'œuvre 
d'un  des  enfants  de  la  cité,  sans  se  douter  que  cm- 


-58  GRÉTRY. 

qualité  ans  plus  lard  ,  ses  successeurs  à  l'épiscopat 
condamneraient  cet  usage  comme  une  impiété 
même  dans  des  laïques. 

Deux  ans  après  (1782),  Grétry  rentrait  pour  la 
première  et  pour  la  dernière  fois  dans  sa  ville  na- 
tale, qu'il  avait  quittée  depuis  1759.  «C'était  sous  le 
»beau  règne  de  ce  Velbruck,  ami  de  la  liberté,  pro- 
tecteur éclairé  de  tous  les  genres  de  talents,  régé- 
nérateur de  l'instruction  publique,  créateur  de 
»  cette  émulation  dont  le  feu  sacré  fit  éclore  la  bril- 
lante imagination  et  le  chaleureux  civisme  de  Bas- 
»seinge,  les  inspirations  spirituelles  et  touchantes  de 
wRegmer,  la  douce  philanthropie  deHENKART,  et  les 
»  productions  si  originales  du  pinceau  correct  de 
»De  France.  Les  annales  de  Liège  ont  perpétué  le 
«souvenir  de  l'accueil  enivrant  que  retrouva  Grétry 
»au  milieu  des  siens.  Ce  n'était  plus  ce  faible  enfant 
«dont  elle avaitencouragé  les  heureuses  dispositions, 
«protégé  les  premiers  pas,  qu'elle  avait  accompagné 
»de  ses  vœux  sur  la  terre  classique  des  beaux  arts; 
»  c'était  le  fondateur  d'une  nouvelle  ère  musicale,  le 
»  créateur  d'une  école  nouvelle  dont  les  universels 
«succès  assuraient  la  durée.  Celait  un  homme  que 


GRÉTRY.  49 

»  l'Europe  saluait  du  nom  de  grand  musicien  et  dont 
»  vingt-deux  triomphes  avaient  déjà  révélé  le  génie.» 

«  A  l'allégresse  que  son  retour  avait  inspire'e  , 
»  aux  acclamations,  aux  soins  touchants  dont  il  avait 
»été  l'objet,  Grétry  répondit  en  faisant  hommage  à 
)>son  pays  de  son  vingt-troisième  ouvrage.  » 

«Sa  dédicace  restera  comme  un  monument  éter- 
»nel  du  respect  et  de  la  vénération  qu'il  portait  à 
»  sa  patrie;  elle  protestera  dans  l'avenir  contre  ces  im- 
putations calomnieuses  par  lesquelles  naguère  en- 
»core  on  essayait  de  flétrir  et  ses  sentiments  et  les 
)>  nôtres  (1).  » 

Cette  visite  de  Grétry  à  Liège  avait  été  l'occasion 
d'une  péripétie  heureuse  dans  la  vie  fort  agitée  d'un 
jeune  homme  alors  comédien  au  théâtre  de  cette 
ville  et  qui  devint  depuis  auteur  comique  distingué 
et  acteur  trop  célèbre  dans  les  scènes  moins  gaies  de 
la  révolution  française.  Un  talent  dramatique  peu 
goûté,  tous  les  torts  dune  mauvaise  tête  et  beaucoup 
d'inexactitude    dans    ses  devoirs  avaient   attiré  à 


(1)  Discours  de  M.  Renard-Collardin,  lors  delà  remise 
solennelle  du  cœur  de  Grétry. 


50  GRÉTRY. 

Fabre  d'Eglantine  non  seulement  la  disgrâce  de  son 
directeur,  mais  encore  celle  des  magistrats,  au  point 
que,  chasse  avec  éclat  du  théâtre,  il  lui  était  même 
défendu  de  prendre  place  parmi  les  spectateurs. 
Cette  mésaventure  n'avait  pas  arrange'  ses  affaires 
qui  étaient  en  fort  mauvais  état,  et  l'on  assure  même 
que  ne  pouvant  fuir ,  et  cédant  au  chagrin  et  à  la 
honte  qui  l'accablait,  il  était  sur  le  point  d'attenter 
à  ses  jours,  quand  tout-à-coup  il  apprend  que 
Grétrt  ,  attendu  ,  désiré  depuis  si  longtemps  ,  ar- 
rive dans  les  murs  de  Liège  :  on  lui  dit  que  les 
Liégeois  viennent  de  décider  que  le  buste  de  leur 
compatriote  sera  couronné  sur  le  théâtre.  Sa  tête 
se  monte  ,  sa  verve  s'échauffe  ,  en  huit  heures  il  a 
créé  une  épître  en  cent  quarante  vers  dans  lesquels 
il  a  rappelé  et  caractérisé  avec  un  rare  bonheur  le 
principal  mérite  de  la  plupart  des  œuvres  de  Grétry: 
armé  de  son  manuscrit,  les  yeux  remplis  d'une  noble 
audace,  il  se  précipite  vers  le  théâtre  ,  renverse 
les  gardiens  qui  veulent  l'arrêter,  s'élance  sur  la 
scène...  On  venait  de  couronner  le  buste  :  son  air 
inspiré  commande  le  silence;  on  l'écoute,  il  lit  son 
épître  ,  qui  n'est  interrompue  que  par  les  transports 


GRETRY.  51 

de  la  plus  bruyante  ivresse ,  et  achève  sa  lecture 
au  milieu  des  applaudissements.  Son  sort  fut  changé 
par  cet  élan  de  la  joie  commune.  Les  magistrats  et 
le  peuple  ordonnèrent  au  directeur,  au  nom  de 
Grétry,  d'oublier  le  passé ,  et  de  rendre  son  état  au 
comédien  qui  devait  enrichir  la  scène  française  du 
Philinte  de  Blolière,  de  l'Intrigue  épistolaire  et  des 
Précepteurs. 

C'est  environ  deux  ans  après  la  visite  qu'il  était 
venu  rendre  à  son  pays ,  que  Grétry  mit  le  com- 
ble à  sa  gloire  par  celte  délicieuse  composition  que 
nous  avons  vu  naguère  reprendre  sur  tous  les 
théâtres  avec  un  succès  d'enthousiasme  ,  sans  que 
le  voisinage  ,  ni  de  la  Juive  ,  ni  de  Moïse  même  , 
ni  de  Guillaume  Tell ,  ni  des  Huguenots ,  pût  rien 
lui  enlever  de  son  inaltérable  fraîcheur  :  tout  le 
monde  a  reconnu  que  nous  voulons  parler  de 
Richard.  Et  que  l'on  ne  croie  pas  que  de  récentes 
infortunes  royales  aient  été  nécessaires  pour  faire 
apprécier  tout  le  mérite  de  cette  composition  pleine 
de  sentiment  :  le  rôle  de  roi  serait  devenu  histori- 
que dans  le  monde,  que  tant  qu'il  restera  des 
hommes  capables  d'un  généreux  dévoûment  ou 


r,2  GRETRT. 

dignes  d'en  être  l'objet,  on  se  sentira  ëmu  ,  on 
s'attendrira  et  on  pleurera  en  entendant  chanter  : 
Si  l'univers  entier  m'oublie ,  et ,  ô  Richard  !  6  mon 
Roi!...  C'est  en  sortant  d'une  représentation  de 
Richard  que  le  prince  Henri  de  Prusse  disait  à 
Grétry  :  Vous  avez  le  courage  d'oublier  parfois  que 
vous  êtes  musicien  pour  vous  sacrifier  au  poète. 
«  C'est  à  Gluck,  reprit  Grétry,  qu'un  tel  compliment 
aurait  dû  s'adresser:  bien  mieux  que  moi  il  a  senti 
qu'il  n'est  point  d'inte'rêt  sans  vérité  et  point  de 
vérité  sans  sacrifice.  » 

«  Ce  qui  distingue  l'artiste,  dit  M.  de  Gerlache  , 
en  parlant  de  cette  pièce  ,  c'est  la  fécondité  de 
la  pensée.  Si  l'on  veut  avoir  une  preuve  de  la  fé- 
condité de  Grétry^  il  faut  voir  de  combien  de  ma- 
nières différentes  un  seul  sentiment,,  l'amour,  se 
reproduit  dans  une  seule  pièce  ;  l'amour  conjugal, 
après  cinquante  ans  de  mariage  ,  dans  l'air  que 
chantent  Mathurin  et  sa  femme  avec  les  paysans  ; 
l'amour  pur ,  antique  et  chevaleresque ,  dans  la 
romance,  Une  fièvre  brûlante;  l'amour  ingénu 
dans  La  danse  n'est  pas  ce  que  j'aime ,  l'amour  ti- 
mide et  fn rt  if  dans  ,   Un  bandeau  couvre  les  yeux  ; 


GRETRV.  83 

l'amour  grivois  dans  l'air  que  chantent  les  paysans 
au  commencement,  de  la  dernière  scène.  La  ro- 
mance que  joue  et  chante  Blondel,  qui  doit  pré- 
parer la  fameuse  scène  de  la  reconnaissance  ,  le 
pivot  sur  lequel  roule  toute  la  pièce  ,  est  répété 
neuf  fois,  et  pas  une  seule  fois  de  trop,  parce  qu'elle 
l'est  toujours  avec  variations  et  avec  des  inten- 
tions nouvelles.  » 

Richard-Cœur-de-lion  avait  succédé  ta  V Épreuve 
villageoise  (1785)  l'un  des  ouvrages  de  Grétry 
dans  lesquels  il  a  mis  le  plus  de  mélodie  et  de  force 
musicale  ,  au  jugement  de  M.  de  Gerlache.  Tout  le 
monde  connaît  le  morceau  plaisant  : 

Bon  Dieu ,  bon  Dieu  comm'  à  cte  fête, 
Monsieur  d' la  France  était  honnête  J 

La  Caravane  du  Caire ,  Panurge  et  Anacréon 
chez  Polycrate  ne  tardèrent  pas  à  offrir  au  publie 
de  nouvelles  modifications  de  ce  talent  si  fécond , 
si  varié  et  si  souple.  Ce  fut  réellement  l'introduc- 
tion d'un  genre  nouveau  à  l'opéra-comique.  La 
Caravane  et  Anacréon  constituent  ce  qu'on  a  ap- 
pelé  le    genre    de    demi-caractère ,   et    Panvrge 


ô-i  GRETRY. 

introduisit  sur  la  scène  française  le  genre  bouffe 
italien.  Grétry  nous  apprend  dans  ses  mémoires  . 
que  Zcmire  et  Azor ,  dans  sa  nouveauté  ,  avait  été 
partout  accueillie  avec  tant  de  faveur  qu'elle  avait 
rétabli  les  finances  de  plusieurs  directions  de  pro- 
vince prêtes  à  échouer  •  tous  ceux  qui  ont  suivi  la 
scène  lyrique,  du  temps  de  l'empire,  et  même  delà 
restauration ,  ont  pu  voir  par  eux-mêmes  que  pa- 
reille fortune  avait  été  réservée ,  bien  longtemps 
après  leur  apparition ,  aux  trois  pièces  que  nous 
venons  de  nommer.  «  La  Caravane,  dit  M.  ce  Ger- 
»  lâche,  a  été  plus  souvent  représentée  que  les  grands 
«opéras  les  plus  fameux.  C'est  une  de  ces  pièces  qui 
»ne  s'usent  point,  que  l'on  donne  toujours  quand 
»on  ne  sait  que  donner,  dont  le  public  ne  se  lasse 
«jamais.Le  poème  est  fort  médiocre,  mais  il  offrail 
»au  musicien  de  riches  tableaux,  un  beau  spectacle. 
»des  oppositions  heureuses  entre  nos  mœurs  et  les 
»  mœurs  de  l'Orient,  enfin  un  mélange  de  sentiments 
«guerriers,  passionnés,  voluptueux,  et  Grétry  savait 
»  peindre  tout  cela.  Après  l'annonce  de  ces  terribles 
«bulletins  de  l'empire,  on  entonnait  toujours  à  Po- 
mpera le  fameux  chant  de  La  Victoire  es/  à  nous  !.. 


GRETHY.  85 

»  L'air  du  marchand  d'esclaves-,  J'ai  des  beautés  pi- 
nquantes  j  celui  du  Pacha,  Vainement  Ahnaïde 
nencore...^  et  une  foule  d'autres,  sont  pleins  de  faci- 
lité, de  grâce  et  de  fraîcheur.  L'auteur  semble  se 
«plaire  à  multiplier  les  contrastes  et  les  surprises 
«agréables,  et  à  ne  laisser  jamais  l'imagination  du 
«spectateur  en  repos.  » 

C'est  après  Pa/Uttrae  que  l'on  fit  circuler  ce  joli 
quatrain  que  nous  a  conservé  Grimm  : 

Ceux-ci  font  bien  ,  ceux-là  font  vite  , 
Le  plus  grand  nombre  ne  fait  rien  ; 
Mais  Grétry  seul  a  le  mérite 
De  faire  beaucoup,  vite  et  bien. 

La  plupart  des  pièces  de  Grétry  qui  avaient  eu 
du  succès  à  Paris  étaient  traduites  en  italien  et  en 
allemand  et,  chose  surprenante,  surtout  pour  un 
compositeur  qui  prenait  tant  de  soin  d'accommoder 
sa  musique  aux  paroles,  ses  pièces  traduites  avaient 
encore  du  succès  sur  divers  théâtres  d'Allemagne, 
d'Angleterre  et  d'Italie. 

Le  moment  étant  venu  de  rendre  compte  de 
l'une  de  ces  époques  de  péripétie  musicale,  dont 


SG  GRETRr. 

Grétry  sortit  néanmoins,  sinon  toujours  vainqueur, 
au  moins  toujours  glorieux  ,  nous  laisserons  encore 
parler  un  maître  de  l'art  : 

«  Au  milieu  des  succès  dont  l'auteur  de  tant  de 

»  productions   voyait   couronner   ses  travaux,  un 

»  nouveau  genre  de  musique  créé  par  Méhul  et  par 

«Cherubini,  s'était  introduit  sur  la  scène  de  l'opéra- 

»  comique.  Cette  musique  ,  plus  forte  d'harmonie  , 

»plus  riche  d'instrumentation    et    beaucoup   plus 

»  énergique  que  celle  de  Grétry,  devint  tout-à-coup 

Ȉ  la  mode  au  commencement  de  la  re'volution,  et 

«fit  oublier  pendant  plusieurs  années  le  Tableau 

^parlant,  X  Amant  jaloux^  et  la  Fausse  Magie.  Il  n'y 

«a  point  d'auteur  qui  se  résigne  de  bonne  grâce  à 

»l'oubli  du  public;  Grétry  fut  très-sensible  à  cette 

«sorte  de  disgrâce,  à  laquelle  il  n'était  pas  prépa- 

»ré.  Il  n'aimait  pas  la  musique  nouvelle  ;   mais  il 

»  regrettait  que  des  études  plus  fortes  ne  l'eussent 

«point  mis  en  état  de  lutter  avec  ses  nouveaux 

«adversaires:  toutefois,  comme  on  ne  se  rend  jamais 

«justice  sur  ce  qui  touche  lamour-propre ,  il  ne  se 

«considéra  pas  comme  vaincu,  et  il  voulut  rentrer 

«dans  la  carrière  en  imitant,  autant  qu'il  le  pouvait 


GKETRY. 


87 


»un  genre  qu'il  dédaignait  au  fond  de  l'âme.  C'est  à 
»ses  efforts  pour  y  parvenir  qu'on  dut  Pierre-le- 
»  Grand ,  Lisbeth,  Guillaume  Tell  et  Elisca.  Quoi- 
»  qu'on  retrouve  dans  ces  ouvrages  des  traces  de 
«son  ancienne  manière,  on  aperçoit  facilement  le 
»  tourment  qu'il  se  donne  pour  être  autre  que  la 
« nature  ne  l'avait  fait.  Les  mélodies  de  ces  produc- 
tions n'ont  plus  l'abandon,  le  naturel  ni  la  verve 
«qui  distinguaient  les  œuvres  de  la  jeunesse  de  Gré- 
»try  ;  en  un  mot,  il  n'est  plus  qu'imitateur  timide 
«au  lieu  d'inventeur  qu'il  était.  » 

«La  musique  de  Grétry  était  presqu'abandonnée, 
«lorsque  le  célèbre  acteur  Elleviou  entreprit  de  la 
«remettre  à  la  mode,  et  de  la  substituer  aux  grandes 
«conceptions  harmoniques  alors  en  vogue,  qui  n'é- 
«  taient  pas  de  nature  à  faire  briller  ses  facultés  per- 
«sonnelles.  Le  talent  dont  il  fit  preuve  dans  Richard, 
«dans  Y  Ami  de  la  maison,  dans  le  Tableau  parlant 
«et  dans  Zémire  et  Azor  fut  tel ,  que  l'on  ne  voulut 
«plus  voir  que  ces  ouvrages,  qui  étaient  neufs  pour 
«une  partie  du  public.  Depuis  lors  les  œuvres  de 
»  Grétry  n'ont  cessé  de  plaire  au  public  français  jus- 
»qua  la  nouvelle  révolution  qui,  dans  ces  derniers 


08  gré™  Y. 

«temps,  s'est  opérée  dans  la  musique  dramatique. 
«Leseffets  de  celle-ci  ont  été  d'accoutumer  les  spec- 
»tateurs  à  de  riches  effets  d'harmonie  et  d'inslru- 
«mentation,  et  conséquemment  de  les  rendre  plus 
«exigeants  sous  ces  rapports.  Rien  ne  pouvait  nuire 
»  davantage  à  la  musique  de  Grétry;  car  ces  parties 
«de  l'art  musical  sont  précisément  le  côté  faible  de 
»ses  ouvrages.  » 

a  Le  dédain  qu'on  affecte  aujourd'hui  pour  les 
«productions  d'un  homme  de  génie  qui  s'est  illustré 
«par  de  belles  mélodies  cl  par  1  expression  des  pa- 
«  rôles  n'en  est  pas  moins  injuste.  Au  reste  Grétry 
rattachait  si  peu  d'importance  à  l'instrumentation 
»de  ses  ouvrages,  qu'il  en  chargeait  ordinairement 
«quelqu'un  de  ses  amis.  L'orchestre  de  ses  vingt  der- 
»niers  opéras  a  été  écrit  par  M.  Paivseron  père.  (1)  » 

Ces  deux  qualités  dislinclives  de  la  musique  de 
Grétry,  la  mélodie  et  l'expression,  qu'il  envisageait 
comme  parties  principales  et  constitutives  de  toute 
musique  dramatique,  préserveront  probablement 


(\)  I.  S  I  i  iis.  Biographie  universelle  des  musiciens. 


GRETRÏ.  59 

ses  œuvres  de  l'oubli  :  on  pourra  toujours  refaire, 
au  gré  de  l'exigence  du  moment,  la  partie  de  l'or- 
chestre qui  est  soumise  à  certaines  règles  de  la 
science,  que  tout  le  monde  peut  se  rendre  familières 
au  moyen  de  l'étude;  mais  la  mélodie,  ce  don  de  re^» 
muer  le  cœur  en  caressant  l'oreille  et  de  satisfaire 
l'imagination  par  des  chants:  mais  l'expression,  que 
l'on  n'atteint  que  par  un  tact  heureux  et  rare,  qui 
vous  fait  discerner  la  corde  sensible  correspondante 
à  chacune  des  nuances  de  sentiment  que  vous  vou- 
iez exciter:  comme  l'une  et  l'autre  ont  leur  source 
dans  le  cœur  humain  qui  est  immuable  ,  elles  assu- 
rent l'immortalité  au  compositeur  qui  les  possède 
réellement.  IN 'est-ce  pas  la  réunion  de  ces  deux 
qualités  qui  fait  encore  paraître  touchants,  quand 
ils  sont  bien  chantés  ,  l'air  d  Henri  IV,  Charmante 
Gahrielle  !  ceux  de  ,1.  ,1.  Rousseau  J'ai  perdu  mon 
serviteur  et  Je  l'ai  planté ,  je  l'ai  vu  naître  ,  etc.? 
Dans  un  genre  plus  relevé  mais  bien  plus  ancien 
encore,  quel  est  l'homme,  doué  dune  oreille  tant 
soit  peu  musicale,  qui  naît  été  frappé  de  l'accord  des 
sons  avec  les  sentiments  qu'ils  expriment  dans  lad 
mi  râblé  chant  de  la  Préface  .  et  qui  n'ait  éprouvé,  en 


fiO  GRETRY. 

l'entendant  exécuter  avec  justesse,  quelque  chose 
de  l'effet  que  produisent,  à  l'aide  d'autres  moyens, 
les  magnifiques  exordes  des  oraisons  funèbres  de 
Bossuet? 

On  dissertait  un  jour,  au  foyer  de  l'Opéra-comique, 
sur  les  instruments  qui  produisent  le  plus  d'effet,  et 
en  général  sur  les  moyens  de  produire  de  l'effet 
au  théâtre.  Il  y  avait  là  des  compositeurs  très-dis- 
tingués :  chacun  disait  son  mot  ;  les  uns  étaient 
pour  la  basse,  d'autres  pour  le  trombone  ,  etc.  Les 
opinions  e'taient  partagées  :  «  Messieurs  ,  dit  Gré- 
»try,  je  connais  quelque  chose  qui  fait  plus  d'effet 
»que  tout  cela;  —  Quoi  donc?  —  La  vérité.  » 

L'expression  du  chant  était  donc  presque  tout 
pour  Grétry.  L'orchestre  n'avait  à  ses  yeux  d'autre 
mission  que  de  soutenir  le  chant,  de  le  développer, 
de  l'expliquer  parfois ,  mais  en  gardant  toujours 
le  second  rang  :  il  voulait  bien  que  Y  harmonie  con- 
courût à  répandre  un  peu  de  variété  et  d'agrément 
dans  les  chants  auxquels  elle  sert  d'accompagne- 
ment :  il  ne  lui  aurait  pas  permis  d'occuper  jamais 
la  scène.  C'est  dans  ce  sens  qu'il  appelait  la  mélodie 
la  statue,  et  l'harmonie  le  piédestal,  elqu'il  disait  des 


GRETRY.  01 

harmonistes  peu  soigneux  de  la  partie  du  chant , 
qu'ils  plaçaient  la  statue  dans  l'orchestre  et  le  piédes- 
tal sur  la  scène.  L'application  qu'il  en  faisait ,  dit- 
on,  à  Mozart,  n'était  pas  juste  sans  doute;  mais,  abs- 
traction faite  de  ce  grand  compositeur  étranger,  et 
au  point  de  vue  de  la  perspective  théâtrale ,  qui  ne 
sent  la  justesse  de  cette  métaphore,  Placez  le  pié- 
destal dans  l'orchestre,  et  prenez  soin  de  laisser 
constamment  la  statue  sur  la  scène?  Certes  nous  au 
rions  été  témoins  de  beaucoup  moins  d'écarts  étran- 
ges, si  tous  les    compositeurs   de  notre  époque 
avaient  eu  toujours   présente  à  la  pensée,   cette 
sage  recommandation  de  l'auteur  de  Richard. 

Grimm  qui  avait  le  sentiment  de  la  musique,  ré- 
sumait parfaitement ,  ce  nous  semble,  les  qualités 
distinctives  du  mérite  de  Grétry,  lorsqu'en  1779 
il  s'exprimait  ainsi  : 

«On  ne  cesse  de  disputer  sur  Gluck,  sur  Piccim, 
sur  toutes  les  musiques  du  monde,  mais  les  con- 
naisseurs elles  ignorants  s'accordent  assez  ,  cerne 
semble  ,  à  trouver  qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  compo- 
siteur qui  aît  su  adapter  plus  heureusement  que  lui 
la  mélodie  italienne  au  caractère  et  au  génie  de 


62  GRETRY. 

notre  langue  ,  saisir  mieux  le  goût  de  la  nation  el 
donner  à  tous  ses  motifs ,  à  toutes  ses  phrases ,  à 
toutes  ses  notes  une  intention  plus  fine  et  plus 
spirituelle.  » 

Nous  donnerons ,  à  la  suite  de  l'indication  des 
œuvres  musicales  de  Grétry,  les  titres  des  ouvrages 
littéraires  qu'il  a  publiés.  Leur  réputation  est  assez 
bien  faite  aujourd'hui  pour  nous  dispenser  d'en  rien 
dire,  principalement  de  ses  Mémoires  ou  Essais  su?* 
la  musique,  dont  GrimmcI  Laharpe  se  sont  accordés 
à  faire  les  plus  brillants  éloges ,  à  leur  apparition  : 
mais  un  fait  moins  connu  peut-être,  et  que  nous  ne 
pouvons  nous  dispenser  de  signaler,  parce  qu'il 
prouve  en  quel  degré  d'estime  était  Grétry  dans 
l'opinion  des  autres  compositeurs,  c'est  que  si  la 
seconde  édition  de  ses  Mémoires  a  été  imprimée 
aux  frais  du  gouvernement  (en  1797);  cette  faveur 
ne  fut  pas  provoquée  par  lui  ;  mais  accordée  en 
suite  d'une  pétition  adressée  à  l'autorité,  dans  l'in- 
térêt de  l'art,  par  Méhul,  Dalayrac,  Cherubim,  De- 
vienne. Lesueur,  Gossec  .  Lapmu;é7  Lemoyne  ,  el  Cimi- 
peih. 

Il  nous  reste  à  apprécier  Grétry,  sous  un  pou» 


GRKTRY.  63 

de  vue  non  moins  intéressant  pour  nous,  c'est- 
à-dire  comme  homme  privé  et  dans  ses  relations 
de  famille   et    d'amitié. 

Celui  qui,  enfant,  demandait  à  Dieu,  dans  ses 
prières,  qu'il  le  fît  mourir  le  jour  de  sa  première 
communion,  s'il  ne  devait  être  honnête  homme  et 
bon  musicien  ;  celui  qui  avait  dû  la  moitié  de  son 
premier  succès  à  l'émotion  causée  en  lui  par  les 
joies  naïves  de  sa  mère,  ne  pouvait  être  ni  un 
égoïste,  ni  un  indifférent.  Telle  est  pourtant  la  ré- 
putation qu'avaient  voulu  lui  faire  certaines  per- 
sonnes, rebutées  de  n'avoir  pas  trouvé  auprès  de 
lui  un  accès  assez  facile:  hâtons-nous  d'ajouter  que 
telle  sera  nécessairement  toujours  la  réputation 
d'un  homme  qui  voudra  continuer  à  s'occuper  de 
travaux  sérieux  après  avoir  acquis  la  célébrité.  Trop 
d'importuns  circulent  autour  des  grandes  renom- 
mées, pour  qu'il  leur  soit  possible  d'échapper  à  la 
fois  à  l'ennui  de  se  voir  dérober  un  temps  qu'ils 
voudraient  consacrer  à  de  nouveaux  chefs-d'œuvre, 
el  au  malheur  d'avoir  parfois  tenu  sa  porte  fermée 
à  un  compatriote,  dont  on  regrette  ensuite  de  n'avoir 
pu  serrer  la  main,  à  un  ami  même,  qu'on  a  le  cha- 


64  GRÉTRY. 

$rin  de  n'avoir  pas  obligé  dans  le  moment  opportun. 
Mais  ce  n'est  pas  sur  quelques  mésaventures  ine'vi- 
lables  de  ce  genre  qu'il  faut  juger  le  cœur  d'un 
homme  dont  la  vie  a  été  aussi  pleine. 

Toute  la  correspondance  de  Grétry  atteste  com- 
bien il  aimait  tendrement  son  pays  :  «  C'est  bien 
»avec  raison  que  mon  cœur  est  resté  parmi  mes 
«compatriotes,  dont  je  suis  séparé  depuis  si  long- 
temps, écrivait-il  à  son  ami  Henkart  (15  no- 
vembre 1807),  j'ose  espérer  encore  de  revoir  une 
«fois  ma  bonne  ville  de  Liège,  c'est  l'unique  vœu 
«qu'il  me  reste  à  exécuter ,  si  mes  forces  me  le 
«permettent.  » 

En  1810,  il  écrivait  à  M.  Philippe  Lesbroussart, 
qui  lui  avait  adressé  son  poëme  des  Belges  :«5e\ous 
«remercie,  monsieur,  d'avoir  si  dignement  chanté 
»mon  pays ,  et  de  m'avoir  compris  dans  les  hommes 
«d'élite  qui  y  ont  pris  naissance.  Je  vois  avec 
»  plaisir  et  orgueil  fleurir  les  talents  distingués  tels 
»que  le  vôtre,  monsieur,  dans  le  pays  qui  m'a  vu 
«naître:  les  ans  ne  séparent  pas  le  cœur  de  son 
»  berceau  ;  je  suis  Liégeois  dans  l'âme  et  pour 
»la  vie.  » 


GRÉTKY.  65 

Dans  une  lettre  adressée  à  M.  Rouveroy,  dans  le 
cours  de  la  même  année ,  il  disait  à  notre  aimable  fa- 
buliste :«  N'oubliez  pas,  je  vous  prie,  dans  vos  réu- 
nions amicales,  n'oubliez  pas  celui  qui  vous  porte 
»  en  son  cœur  et  qui  le  reste  de  sa  vie  conservera  le 
«même  sentiment.  » 

La  Fiance  elle-même  lui  avait  rendu,  vivant,  des 
honneurs   non    moins    distingués  que  ceux  qu'il 
reçut  dans  sa  ville   natale.   Il  ne   pouvait  entrer 
au   théâtre    dépositaire    de   ses    ouvragés,    sans 
passer   devant   la  statue  en   marbre  qu'un    ama- 
teur éclairé   (le  comte  de  Livry)  lui  avait  érigée. 
Son  buste  en  marbre  blanc  par  le  fameux  Houdon 
avait  été  placé  au  grand  foyer  de  l'Opéra  ;  son  por- 
trait en  pied,  peint  par  Robert  Lefèvre  était  dans  la 
salle  d'assemblée  de  l'opéra-comique  5  une  rue  voi- 
sine du  même  théâtre  avait  déjà  reçu  le   nom  de 
rue  Grétry ,  en   1785  :  néanmoins  quand  il  apprit 
que  Liège  voulait  honorer  son  berceau  et  fonder 
près  des  lieux  où   il  avait  vu  le  jour ,  une  place 
qui  allait  porter  son  nom ,   il  répondait  aux  vives 
instances   de  ses  compatriotes    qui  le  pressaient 
d'arriver  :«  Si  je  n'avais  pas  soixante-neuf  ans,  plus 


86  GRETRY. 

cinquante-cinq  opéras  qui  en  font  bien  cent  vingt- 
quatre,  je  volerais  auprès  de  vous.  » 

«Ne  parlez  pas  de  vos  soixante-dix  années ,  lui 
répondait  son  ami  Henkart  :  la  voiture  est  douce 
quand  elle  roule  sur  des  fleurs  et  sur  des  lauriers.  » 

En  adressant  à  son  ami  le  notaire  Dumont,  ses  re- 
mercîments  pour  l'envoi  que  ce  dernier  lui  avait  fait 
d'un  duo  liégeois,  il  finissait  en  ces  termes  :«  J'irai 
vous  les  faire  moi-même  adhominem^  si  j'ai  le  bon- 
heur de  retourner  encore  une  fois  dans  ma  chère 
patrie  qui  est  à  jamais  gravée  dans  mon  cœur.  » 

Le  6  décembre  1810  il  écrivait  au  même  M.  Du- 
tïoist  :  «Je  viens  de  recevoir  trois  fois  la  Gazette  de 
»  Liège  :  c'est  vous  ou  M.  Henkart  qui  me  les  en- 
voyez, je  n'en  doute  pas,  et  pour  augmenter  ma 
»  reconnaissance  envers  vous  deux,  vous  gardez 
«l'anonyme  :  et  ce  n'est  que  depuis  peu  de  jours 
»que  je  sais  que  vous  avez  fait  des  démarches  au- 
»près  des  autorités  de  Liège,  pour  faire  réussir  le 
»  projet  de  la  place  qui  porte  mon  nom  et  qui  rend 
»ma  mémoire  impérissable,  dans  la  ville  où  je  suis 

»?lé ,    ET    OÙ    JE     VOUDRAIS    Qll'l'N     JOUR    MON     COEUR    FUT 
»  TRANSPORTÉ.    » 


GRÉTKY.  07 

C'est  encore  à  propos  de  la  même  cérémonie,  à 
laquelle  il  ne  put  assister,  qu'il  écrivait  le  20  dé- 
cembre 1810,  toujours  au  même  M.  Dumont  :  «  Vous 
»ne  cessez,  mon  cher  ami,  de  vous  occuper  de 
»moi  ,  j'en  suis  touché  jusqu'aux  larmes;  votre 
»  cantate  (1)  que  je  reçois  est  excellente  et  cent  fois 
«au-dessus  de  ce  que  je  puis  mériter.  Vous  voulez 
»que  j'aille  à  Liège  pour  le  il  février  :  ah  mon 
»ami  !  je  puis  vous  dire  que  je  ne  supporterais  ni 
»le  voyage,  ni  la  cérémonie  qui  me  touche  de  trop 
»près.  Chaque  fois  que  je  m'expose  au  froid,  je 
»  crache  le  sang  :  voilà   où  55  opéras  sortis  de  ma 

»  pauvre  tête  m'ont  réduit Non  ,  dans  ma  bonne 

»  ville,  au  milieu  de  vous ,  j'étoufferais  de  joie  ,  et 
»vous  ne  voulez  pas  que  je  meure  encore...» 


(1)  Pour  l'inauguration  delà  place  Grétry,  M.  Henkart  avait 
fait  une  cantate  que  M.  B.  E.  Dumont  avait  mise  en  mu- 
sique. —  Cette  pièce  avait  été  imprimée  chez  Latour  avec  un 
chant  de  M.  Rouveroy  sur  l'air  du  quatuor  de  Lucile  :  Où 
peut-on  être  mieux?  et  des  couplets  de  Basseinue  aine  sur  l'air 
du  vaudeville  de  la  Fausse  Magie.  (  3  juin   1811.8  p.  in-8.) 


(38  GRETRY. 

En  1811  répondant  à  Henkart  qui  venait  tic  lui 
adresser  une  petite  notice  sur  le  peintre  Fassin  (1) 
(leur  ami  commun  venait  de  mourir)  :  «Votre  article 
"nécrologique  est  très-intéressant,  lui  dit-il ,...  et  il 
ajoute  :«  mon  ami ,  je  vous  retiens  pour  un  autre  : 
»  bonjour,  aimez-moi,  je  vous  prie,  j'en  ai  besoin,  car 
»je  sens  que  je  vous  aime  chaque  jour  davantage.» 

Dans  la  même  année  ,  après  avoir  rappelé,  selon 
son  usage,  la  tendre  amitié  qu'il  portait  particuliè- 
rement à  M.  Fabry,  à  Henkart  et  à  Bassenge  il  ex- 
prime de  nouveau  à  son  ami  Dumont  l'espoir  d'aller 
encore  une  fois  dans  sa  bonne  ville  ;  mais  pas  dans 
cette  circonstance ,  il  venait  d'avoir  des  accès  de 
fièvre  qui  l'avaient  cruellement  fatigué  (avril  181 1 .) 

Le  10  mars  1812,  il  commençait  ainsi  une  lettre 
par  laquelle  il  prenait  part  à  une  souscription  de 
bienfaisance. 

«  Je  suis  toujours  Liégeois  par  le  cœur,  mon 
cher  ami ,  voulez-vous  bien  avoir  la  bonté  de 
m'inscrire  pour  un  louis  dans  la  collecte  que  l'on 


(1)  Voir  sa  notice  dans  les  Vies  de  quelques  Belges  par  l'au- 
teur de  cette  vie  de  Grêtry. 


GRETRï.  C9 

fait  pour  nos  malheureux  bouilleurs.  Priez  Madame 
Bassenge  de  vous  remettre  celte  somme  que  je  res- 
tituerai à  son  mari  lors  de  son  arrivée  à  Paris.  » 

On  sait  qu'il  avait  fait,  à  la  fin  de  sa  carrière, 
l'acquisition  de  l'ancienne  habitation  de  Jean-Jac- 
ques Rousseau  ,  connue  sous  le  nom  de  Y  Ermitage , 
à  Montmorency.  C'est  là  que  cette  âme  toujours 
ardente ,  mais  bonne  ,  mais  simple  ,  mais  amie  de 
la  nature  se  plaisait  à  s'épancher  encore,  non  plus 
dans  des  compositions  dont  le  travail  e'tait  désor- 
mais au-dessus  de  ses  forces ,  mais  dans  d'aimables 
entretiens  avec  ses  confrères ,  presque  tous  plus 
jeunes  que  lui ,  et  à  qui  il  prodiguait  ses  conseils 
bienveillants.  Ecoutons  M.  Bouilly  ,  s'adressant 
à  ceux-là  mêmes  dont  nous  venons  de  parler 
et  invoquant  leur  témoignage  à  l'appui  de  la  vérité 
de  ses  paroles  ,  prononcées  solennellement  près  de 
la  tombe  du  grand  musicien. 

«  La  nature,  en  dotant  Grétry  de  ce  qui  fait  un 
«homme  célèbre,  y  joignit  tout  ce  qui  constitue  un 
»homme  aimable  :  jamais  on  ne  réunit  à  la  fois  plus 
»de  finesse  et  de  simplicité,  une  âme  plus  expansive, 
»un  esprit  plus  observateur.  Fier  avec  les  grands, 

5 


"0  GRÉTRY. 

»  simple  avec  ses  amis  .  affable  avec  ses  inférieurs , 
»il  sut  constamment  se  faire  honorer  et  chérir.  Avec 
»  quelle  grâce  il  se  plaisait  à  dessiller  les  yeux  des 
»jeunes  artistes  égarés  par  quelques  succès  éphé- 
»  mères:  son  plus  grand  plaisir  surtout  était  de  con- 
»so!er,  d'encourager  ceux  qui  ne  pouvaient  parvenir 
»à  se  faire  connaître.  Il  leur  rappelait  alors  l'époque 
»de  sa  jeunesse  }  où  lui-même  il  entendait  rejeter 
»  ses  vœux,  dédaigner  ses  efforts,  mettre  en  problème 
»son  propre  mérite,  et  il  leur  disait  :  N'oubliez  pas 
«que  les  jouissances  d'une  grande  réputation  sont 
»  toujours  en  proportion  des  difficultés  qu'on  éprouve 
»à  l'établir.  Plein  du  souvenir  de  ce  qu'il  avaitsouf- 
»fert  en  commençant  sa  carrière,  Grétry  prit  la 
»  douce  habitude  de  s'en  venger  ,  en  traitant  avec 
»une  bonté  remarquable  les  jeunes  compositeurs 
«qui  présentaient  sur  la  scène,  les  prémices  de 
»  leurs  travaux.  » 

Songeons  que  ces  paroles  étaient  prononcées  en 
présence  de  Gossec  ,  le  Nestor  des  compositeurs 
?t  l'ami  intime  de  Grétry  ,  de  Cherubini  qui  l'avait 
aussi  beaucoup  aimé,  de  Champein  l'auteur  de  la  Mélo- 
manie,  dePAER,  que  la  bataille  de  léna  avait  conquis 


GRÉTRY.  71 

à  la  France,  de  Cvtel  élève  deGossEC,  de  iMéhul  qui 
peu  d'instants  auparavant  venait  de  faire  en- 
tendre les  mêmes  éloges  ,.de  Lesueur  ,  de  Berton  , 
de  Persuis  et  de  Nicolo  qui  aimaient  «à  se  dire 
élèves  de  Grétry,  de  Boieldieu  revenu  de  la  Russie 
deux  ans  auparavant,  et  en  un  mot  de  tous  les  com- 
positeurs que  rassemblait  la  capitale  de  l'empire. 
«  Vous  qui  m'entourez  en  ce  moment,  leur  disait 
»M.  Bouilly,  et  qui ,  marchant  sur  ses  traces,  arri- 
verez un  jour  à  l'immortalité,  rappelez-vous  lac- 
«cueil  paternel  qu'il  vous  faisait  sans  cesse  ,  la  part 
»qu'il  prenait  à  vos  succès,  les  avis  qu'il  s'empres- 
»sait  de  vous  donner ,  pour  en  perpétuer  la  durée  : 
«récapitulez  avec  moi  les  entretiens  profitables,  les 
»  discussions  lumineuses  où  ce  grand  compositeur 
«aimait  à  descendre  jusqu'à  vous,  pour  vous  élever 
«jusqu'à  lui.  Ah  !  quand  il  recevait  ceux  qu'il  ap- 
»pelaitses  légataires^  quel  charme  dans  ses  expres- 
sions, quelle  ivresse  sur  tous  ses  traits  !  C'était  un 
«chef  d'école  qui  se  voyait  renaître  dans  ses  élèves  : 
«c'était  un  père  heureux  et  fier  de  ses  enfants,  dont 
«il  entrevoyait  dans  l'avenir  le  bonheur  et  la  gloire. 
«Un  jour,  il  m'en  souvient,  l'un  de  vous  s'entretenait 


72  GRÉTRY. 

«avec  lui  sur  les  moyens  d'exprimer  les  passions  et 
»de  peindre  la  nature.  Ce  grand  maître  le  pressant 
»dit  avec  le  plus  tendre  sourire  :  En  voilà, encore  tin 
»qui  me  console  de  vieillir. . .  » 

Un  mot  comme  celui-là  suffit  pour  peindre  Grétry, 
parce  qu'il  rappelle  à  la  fois  tout  ce  qu'il  y  avait  de 
douce  bienveillance ,  de  grâce  et  de  sensibilité  dans 
l'âme  du  vieillard. 

L'anecdote  suivante  prouve  aussi  combien  il  était 
rival  généreux  et  ami  sûr.  Monvel  auteur  de 
l'ope'ra  des  Trois  Fermiers  dont  la  musique  est  de 
Dezàides  était  venu  proposer  à  Grétry  de  faire  celle 
de  Biaise  et  Babet .  «  Comment,  dit  Grétry,  vous  ne 
donnerez  pas  à  Dezàides  cette  pièce  ,  suite  des  Trois 
Fermiers^ —  Nous  sommes  brouillés ,  répond  Mon- 
vel ,  Dezàides  m'a  joué  un  tour...  Et  il  faut  absolu- 
ment que  vous  me  vengiez.  —  «  Mon  cher  Monvel  , 
reprend  Grétry;  si  j'acceptais  votre  poëme,  je 
n'aurais  pas  fini  la  lre  scène  que  vous  seriez  rac- 
commodés et  vous  viendriez  alors  me  trouver  d'un 
air  embarrassé...  Tenez  Monvel,  remportez  votre 
pièce ,  restons  amis  et  que  ce  ne  soit  pas  la  ven- 
geance qui  nous  fesse  travailler  ensemble  »  :  Monvel 


GRETRY.  73 

et  Dezaides  redevinrent  amis  ,   firent   la  pièce  en- 
semble et  virent  redoubler  leur  estime  pourGnÉTRY. 

Méiiul  et  Bouilly  s'accordent  aussi  avec  tous  ceux 
qui  l'ont  connu  dans  l'intimité  et  qui  l'ont  vu  dans 
le  monde ,  pour  reconnaître  que  nul  mieux  que 
lui  ne  sut  allier  à  l'imposante  dignité  de  l'homme 
qui  a  conquis  la  célébrité  par  de  longs  et  honora- 
bles travaux  ,  cet  esprit  des  convenances  ,  ce  tact 
sûr  et  délicat ,  celte  urbanité  française  dont  l'an- 
cienne cour  offrait  les  plus  parfaits  modèles  ;  et  qu'il 
savait  concilier  avec  une  noble  franchise. 

On  sait  que  Napoléon,  qui  avait  bien  aussi  sa 
grâce  quand  il  le  voulait ,  négligeait  trop  souvent  ces 
petits  avantages  qui  relèvent  pourtant  beaucoup 
les  moindres  paroles  des  hommes  en  évidence.  Trop 
souvent  l'Empereur,  impatient  peut-être  du  joug 
du  cérémonial  et  de  l'étiquette  des  grandes  récep- 
tions auxquelles  il  s'était  assujetti  ,  passait  assez 
brusquement  d'une  personne  à  une  autre  et  jetait 
au  hasard  et  d'un  air  distrait  quelques  questions 
dont  parfois  il  n'attendait  pas  la  réponse.  Grétry 
déjà  célèbre  longtemps  avant  la  révolution,  Grétry 
qui  avait  été  de  la  première  formation  de  l'Institut 


74  GKETRY. 

dans  la  section  de  musique  de  la  classe  des  beaux- 
arts  ,  Grétry  que  Napoléon  lui-même  avait  nommé 
chevalier  de  la  Légion-d'Honneur  à  la  création  de 
son  ordre ,  ne  devait  pas  s'attendre  sans  doute ,  à 
être  ainsi  confondu  dans  la  tourbe  des  grands  que 
'Empereur  traitait  comme  nous  venons  de  le  dire. 
Un  jour  pourtant  le  conquérant  se  retournant  tout- 
à-coup  vers  lui  l'apostrophe  de  son  brusque  Com- 
ment vous  nommez-vous? — Toujours  Grétry,  Sire, 
répond  sans  hésiter,  et  avec  son  sourire  fin  et  gra- 
cieux ,  l'aimable  et  spirituel  compositeur  ,  qui 
n'avait  rien  gagne  au  nouveau  régime. 

La  promptitude  et  la  netteté  de  sa  conception  peu- 
vent seules  expliquer  la  facilité  avec  laquelle  il  trou- 
vait ainsi  des  reparties  toujours  vives  et  originales  et 
très-souvent  fort  heureuses.  A  une  séance  de  la  classe 
des  beaux-arts,  David  assis  près  de  Gbétry  s'amusait 
à  faire  le  croquis  d'une  africaine  dans  son  costume 
primitif.  Soit  l'effet  de  la  distraction  du  grand 
peintre,  soit  par  toute  autre  cause,  le  dessin  était 
assez  médiocre  :  quelqu'un  dit  pourtant  à  David  : 
'<  Savcz-vous  que  ce  chiffon  de  papier  peut  devenir 
»un  jour  bien  préririiv '.'---  \  eiix-tu  qu'il  le  devienne 


GRETRY.  75 

«encore  plus?  reprend  David  en  se  tournant  vêts 
Grétry  :  a  Ecris  sous  ce  dessin  quelque  principe 
relatif  à  ton  art.  » — Grétry  prit  la  plume  et  écrivit  : 
Une  blanche  vaut  deux  noires. 

Madame  la  comtesse  de  M épouse  de  l'ambas- 
sadeur dîme  cour  étrangère  venait  un  jour  solliciter 
son  suffrage  pour  un  protégé  d'un  mérite  équivo- 
que qui  devait  bientôt  être  présenté  à  l'institut. 
«  Je  ne  le  connais  que  très-peu ,  répondit  Grétry  : 
»mais  protégé  par  vous,  Madame,  et  sans  doute  aussi 
»par  la  cour,  il  n'a  nul  besoin  de  mon  suffrage.  » 
L'artiste  profilant  du  privilège  de  sa  profession  fait 
une  révérence  à  la  grande  dame  étonnée  et  va  se 
remettre  devant  son  piano. 

Ces  traits  et  beaucoup  d'autres  du  même  genre 
que  l'on  pourrait  citer  prouvent  qu'il  se  souciait 
peu  d'une  réputation  de  galanterie  étrangère  au 
véritable  sentiment.  «  Ta  femme  est-elle  musicienne. 
»  demanda-fil  \\\\  jour  à  un  jeune  artiste  qu'il 
oaimait?  —  Oui.  —  Aime-t-elle  ma  musique  ?  — 
«Beaucoup.  —  Pleure-t-elle  à  Richard? —  Tou- 
jours. —  Rit-elle  au  Tableau  parlant?  —  Sans 
»  doute.  — A  la  bonne  heure.  Au  moins  qu'elle  ne 


76 


GRETRY. 


»  ressemble  pas  à  nos  petites  maîtresses  qui  babillent 
»  pendant  c[u  Azor  chante  :  Du  moment  qu'on  aime, 
«baillent  au  duo  du  Tableau  parlant ,  et  tracassent 
«leurs  maris  pendant  le  quatuor  de  Lucile.  Amène- 
«nous  ta  femme  demain.  » 

Il  avait  épousé  la  fille  d'un  peintre  lyonnais  nommé 
Grandois,  le  maître  du  célèbre  Greuze.  Nous  avons 
pu  juger  par  ce  qu'il  rapporte  de  son  entretien 
avec  Jean-Jacques  du  cas  qu'il  faisait  du  naturel  et 
de  la  sincérité  de  sa  femme.  Il  raconte  aussi  d'une 
manière  touchante  les  soins  qu'elle  lui  donnait 
quand  il  était  malade  et  la  joie  qu'il  ressentit  quand 
sa  bonne  mère  témoin  des  veilles  qu'elle  supportait 
avec  tant  de  sérénité  pour  le  soulager,  conçut  pour 
elle  une  amitié  presque  aussi  vive  que  pour  lui  et 
leur  promit  à  tous  deux  de  ne  jamais  les  quitter. 

Dès  que  la  fortune  avait  commencé  à  sourire  à 
Grétry  ,  il  s'était  empressé  de  faire  venir  auprès  de 
lui  toute  sa  famille.  L'un  des  hommes  avec  lesquels 
il  s'était  lié  le  plus  intimement ,  était  le  peintre 
Greuze,  dont  le  père  de  sa  femme  avait  eu  le  mé- 
rite d'encourager,  de  guider  et  de  produire  le  talent 
original.  L'on  s'explique  aisément  la  sympathie  qui 


GRÉTRY.  77 

devait  exister  entre  Grétry  et  le  peintre  qui  mettait 
dans  toutes  ses  compositions  ,  du  sentiment,  de  lu 
bonhomie ,  de  la  finesse  sans  recherche  et  des 
grâces  naturelles.  La  vie  de  famille  plaisait  beau- 
coup à  notre  compositeur  et  l'on  sent  combien  il 
dut  souffrir  de  la  perte  successive  de  ses  trois  filles. 
Lugile  surtout ,  la  seconde  ,  celle  qui ,  à  treize  ans , 
avait  fait  la  musique  du  petit  opéra  intitulé  :  Le 
Mariage  d'Antonio^  était  devenue  par  son  heureuse 
organisation  musicale  et  par  les  aimables  qualités 
de  son  caractère ,  la  compagne  la  plus  chère  et  la 
plus  assidue  du  bon  vieillard,  et  ce  n'est  pas  sans 
de  bien  pénibles  déchirements  qu'il  put  s'accoutu- 
mer à  se  passer  de  cette  douce  société. 

Nous  avons  vu  dans  un  extrait  de  sa  correspon- 
dance avec  M.  Henkart  ,  le  retour  qu'il  faisait  sur 
lui-même  en  apprenant  la  mort  du  peintre  Fassin  : 
ce  genre  de  courage  ,  il  l'avait  depuis  longtemps , 
car  il  avait  commencé  plus  de  vingt-six  ans  avant 
sa  mort  un  De  Profimdis  qu'il  voulait  faire  exécuter 
pour  la  première  fois  à  ses  propres  funérailles. 
«  Cotte  idée  n'est  pas  trop  triste,  disait-il  à  ses  amis, 
»  pour  celui  qui  désire  detre  regretté:  et  si,  de  toute 


7J5 


GKETKY. 


«manière,  elle  est  un  peu  sombre,  j'en  ai  besoin 
»pour  bien  traiter  mon  sujet.  » 

Il  travaillait  encore  à  ce  De  Profundis  ,  qu'il  est 
bien  singulier  qu'on  n'ait  pas  retrouvé,  huit  jours 
avant  sa  mort.  Berton  pour  qui  il  avait  toujours  eu 
l'estime  la  plus  particulière  et  l'amitié  la  plus  vive, 
était  venu  lui  rendre  une  visite ,  que ,  d'après  le 
bruit  public  ,  il  s'attendait  bien  à  ne  plus  pouvoir 
renouveler.  Grétry  lui  parla  avec  un  admirable 
sang-froid  de  son  De  Profundis  qui  ne  devait  pas 
tarder,  disait-il  lui-même  ,    à  être  enfin  exécuté. 

«  Mon  cher  Berton  ,  ajouta-t-il ,  c'est  toi  que 
i)je  charge  de  ce  soin  ;  mon  bon  Persuis  me  rendra 
»le  service  d'en  diriger  l'exécution  :  tu  t'entendras 
»avec  lui.  Mais  écoute,  mon  bon  ami  ;  j'ai  toujours 
»  remarqué  que  les  contrebasses  avaient  dans  les 
»églises,  un  son  extrêmement  sourd  ;  pour  éviter 
»cet  inconvénient ,  je  te  prie  de  les  faire  placer  sur 
»des  marche-pieds  très-élevés.  » 

C'est  avec  cette  sérénité  du  sage ,  que ,  malgré 
les  vives  douleurs  qu'il  endurait  fréquemment  dans 
ses  dernières  années,  Grétry  mourut  à  XErmitage^ 
le  °24  septembre  1813.  On  «Mil    bran   chercher  le 


GltETKY. 


71) 


De  Profanais  dont  il  avait  parlé  souvent  et  auquel 
tous  ses  amis  savaient  qu'il  avait  travaillé  depuis  si 
longtemps.   Celui  qui  fut  exécuté  à  ses  obsèques 
était  delà  composition  de  son  vieux  ami  Gossec  ;  on 
exécuta  également  la  belle  marche  funèbre  que  ce 
dernier  avait  écrite  pour  les  funérailles  de  Mirabeau. 
Méhul  ,  Marsollier  ,  Berton  et  Bouilly  tenaient  les 
quatre  coins  du  drap  mortuaire.  Lorsque  le  convoi 
s'arrêta  devant  le  théâtre  qu'il  avait  doté  de  tant  et 
de  si  aimables  compositions,  la  musique  fit  entendre 
le  fameux  trio   de  Zémirc  et  Azor :  Ah!  laissez- 
moi ,   laissez-moi  la  pleurer  :  et  les  nombreux  ar- 
tistes qui  composaient  le  cortège  accompagnèrent 
cette  déchirante  mélodie  des  larmes  réelles  et  sin- 
cères que  leur  arrachait  la  perte  du  grand  musicien 
qui  avait  su   se    concilier  l'affection    de  tous  ses 
rivaux. 

On  sait  comment  la  possession  de  son  cœur  , 
dont  ses  neveux,  fidèles  exécuteurs  de  sa  volonté, 
avaient  fait  hommage  à  la  ville  de  Liège  .  fut  en- 
suite disputée  par  un  M.  Flamand  qui ,  devenu  pos- 
sesseur de  X Ermitage,  trouvait  dans  la  conservation 
de  ce  précieux  dépôt  un  moyen  de  plus  pour  attirer 


80  GRÉTRY. 

les  visiteurs  chez  lui  et  faire  ainsi  prospérer  ce  ro- 
mantique séjour  converti  par  l'esprit  de  spéculation 
en  une  sorte  de  Wauœ-Hall  public.  On  sait  aussi 
comment  la  justice  administrative  de  la  restauration 
se  signala  honteusement  dans  cette  circonstance  en 
mettant  obstacle  à  l'exécution  des  arrêts  de  la  cour 
de  Paris  qui  ordonnaient  la  restitution  du  cœur 
de  Grétry  à  sa  bonne  ville  de  Liège. 

L'enthousiasme  qui  présida  à  la  réception  solen- 
nelle de  ce  don  si  cher,  rendu  enfin  aux  Liégeois 
en  1829,  a  réfuté  assez  haut  les  absurdes  récits 
qu'avaient  pu  accréditer  l'ignorance  ou  la  mauvaise 
foi  pendant  ces  débats  trop  prolongés. 

Oublions  maintenant  cette  folle  contestation,  que 
nous  avons  trouvée  presque  partout  mal  rapportée, 
pour  ne  plus  songer  qu'à  la  fête  qui  s'apprête. 
Rappelons-nous  le  chaleureux  empressement  qui 
accueillit  la  cantate  de  M.  Dumont  ,  lors  de  l'inau- 
guration de  la  place  Grétry  ;  n'oublions  pas  sur- 
tout qu'une  autre  cantate ,  œuvre  d'un  digne 
neveu  de  Méhul,  répondit  aussi  parfaitement  à  l'en- 
thousiasme toujours  croissant  des  Liégeois,  quand 
le  cœur  de  Grétry  nous  fut  rendu;  et  maintenant 


GRETRY.  81 

que  la  possession  de  ce  gage  précieux  de  sa  ten- 
dresse nous  est  assurée  ,  évoquons  surtout,  pour 
la  gloire  de  notre  pays,  le  souvenir  impérissable 
de  son  nom  ,  et  pour  nos  plaisirs,  celui  des  chants 
heureux  qu'il  nous  a  lègues. 


OUUYHKS  DE  C.HKTR1. 


POUR  L'ÉGLISE. 

1°  Messe  solennelle  à  quatre  voix,  à  Liège,  en  1759. 

2"  Confiteor  à  4  voix  et  orchestre,  à  Rome,  en  1762.  La 
bibliothèque  du  Conservatoire  de  musique  de  Paris 
possède  le  manuscrit  autographe  de  cet  ouvrage.  ) 

3°  Six  motets  à  deux  et  trois  voix ,  à  Rome ,  en  1763  et.  an- 
nées suivantes. 

4°  De  Profundis  (Voyez  les  Essais  sur  la  musique,  t.  I, 
p.  78  et  79). 

f>"  Musique  du  Psaume  :  Confitehor  tibi  Domine  (  1765)  qui 
remporta  le  prix  au  concours  pour  la  place  de  maître 
de  chapelle  alors  vacante  à  Liège  (V.  p.  17  de  cette 
notice).  La  ville  de  Liège  est  sur  le  point  d'en  faire 
l'acquisition. 

MUSIQUE  INSTRUMENTALE. 

1°  Six  symphonies  pour  orchestre  ,  à  Liège,  en  1758. 

2°  Deux  quatuors  pour  clavecin  ,  flûte ,  violon  et  basse , 
graves  à  Paris,  1768,  et  ensuite  à  Offenbach,  comme 
œuvre  1er. 

3°  Six  sonates  pour  le  clavecin  ,  Paris  ,  1768. 

4°  Six  quatuors  pour  2  violons  ,  viole  et  basse  ,  œuvre  3e , 
Paris,  1769.  Les  thèmes  de  ces  œuvres  de  musique 
instrumentale  se  trouvent  dans  le  9e  supplément  du 
catalogue  de  Breitkopf,  Leipsick,  1774. 


84  GRETRY. 

OrERAS. 

1°     1765   Le  Vendemiatrici,   intermède  italien  du  théâtre 

d'Alberti,  à  Rome. 
2°     1767  Isabelle  et  Gertrude,  paroles  de  Favart  ,  jouée  à 

Genève. 
3°     1768  Le  Huron,  paroles  de  Marmostei.,  en  2  actes. 
4°     1769  Lucile  ,  paroles  de  Marmontel,  en  1  acte. 
5°     1 769  Le  Tableau  Parlant,  paroles  d'ANSEACME,  en  1  acte. 
6°     1770  Sylvain,  paroles  de  Marmontel ,  en  1  acte. 
7°     1770  Les  deux  Avares,  paroles  de  Fenocillot  et  Fai- 

baire. 
8°     1770  L'Amitié  à  l'épreuve  ,  paroles  de  Favart  ,    en  2 

actes  ,  réduit  en  un  acte,    1776,  remis  en  3  actes  en 

1786. 
9°     1771  Zèmire  et  Azor,  paroles  de  Marmontel,  en  3  actes. 
10e  1772   L'Ami  de  la   Maison,   paroles  de  Marmontel  ,  en 

3  actes. 
11°  1773   Le  Magnifique,  paroles  de  Séoaire,  en  3  actes. 
12°  1773  La  Rosière  de  Salencu  ,  paroles  du  marquis  de 

Pezai,  en  4  actes,  puis  en  3  actes  ,  en  1774. 
13°  1774  La    Fausse   Mayie  ,    paroles   de  Marmontel  ,   en 

2  actes. 

14°   1775  Céphale  et  Procris  ,    paroles  de  Marmontel,  en 

3  actes. 

15°   1776  (Reprise)  Les  Mariayes  Samnites .  paroles  de  Dr 


GRÉTRY.  8S 

Itosoix,  repris  eucure  avec  des  changements,  en  1782. 
en  3  actes. 
16e  1777  Les  Divertissements  d'Amour  pour   Amour,  co- 
médie de  Laciiaussee  ,  sur  des  paroles  de  Laujon  ,  pour 
la  cour. 
17°   1777  Matroco,  paroles  de  Laujon,  en  4  actes. 
18°   1777  Les  Filles  Pourvues,  compliment  de  clôture  pour 
la  comédie  italienne  ,   paroles  d'ÀNSEAintE  ,    pour  la 
cour. 
19°   1777   Momus  sur  la  terre,  prologue  donné  au  château 

de  la  Rocheguyon  ,  paroles  de  Vatelet. 
20°   1778   Les  trois  âges  de  l'Opéra  ,  prologue   dramatique  , 

paroles  de  Saint- Alphonse. 
21°   1778  Le  Jugement   de  Midas ,   paroles   de   d'Hèle  ,  en 

3  actes. 
22°  1778  V Amant  Jaloux  ou  les  Fausses  Apparences  ,  pa- 
roles de  d'Hèle,  en  3  actes. 
23°  1779  Les  Événements  Imprévus  .  paroles  de  d'Hèle  ,  en 

3  actes. 
24°  1780  Aucassin  et   Nicolette ,  paroles   de  Sedaihe  ,   en 

3  actes  (avait  été  joué  à  Versailles  en   1779). 
25"   1780   Andromaque  ,  paroles  de  Pitra  ,  en  3  actes. 
26°   1781   Emilie,  paroles  d'un  anonyme,  en  un  acte. 
27°   1782  Colinette  à  la  Cour  ou  la  Double  Épreuve,  pa- 
roles de  Lobrdet  de  Santerre  ,  en  3  actes. 
28°   1782  L'Embarras  des  Richesses,  paroles  de  Lourdet  de 
Santerre,  en  3  actes. 


80 


GRETRY. 


29°   1783  La  Caravane  du  Caire,  paroles   de  Morkl  de  Che- 

deville  ,  en  3  actes. 
30°   1783  La  Jeune  Thalie  ou  Thalie  au  Nouveau  Théâtre, 

prologue  pour  l'ouverture  du  Théâtre  Favart,  parole 

de  Sedaine. 
31°   1784   L'Epreuve  Villageoise,  paroles  de  Desforges,  en 

2  actes,  jouée   d'abord  sans  succès  en   1783  sous   le 
titre  de  Théodore  et  Paulin,  en  3  actes. 

32°   1785  Richard  Cœur-de-lion ,    paroles    de   Sedaine  ,    en 

3  actes. 

33°  1785  Panurge  dans  l'Ile  des  Lanternes  ,  paroles  de 
Moiiel  de  Chedeville,  en  3  actes. 

34°   1786  Le  Comte  d'Albert,  paroles  de  Sedaine  ,  en  2  actes. 

o^>°  1786  Les  Méprises  par  ressemblance,  paroles  de  Patuat, 
en  3  actes. 

36°  1787  La  Suite  du  Comte  d'Albert,  paroles  de  Sedaike, 
en  1  acte. 

37°  1787  Le  Prisonnier  Anglais ,  paroles  de  Despottaines, 
en  3  actes,  remis  au  théâtre  en  1793,  avec  des  chan- 
gements sous  le  titre  de  Clarice  et  Belton. 

38°  1787  Aspasie  ,  paroles  de  Morel  de  Chedeville  ,  en 
3  actes. 

39°  1788  Amphitryon ,  paroles  de  SedaIne  ,  en  3  actes. 

4  0°  1788  Le  Rival  Confident,  paroles  de  Forgeot ,  en  "2 
actes. 

41°  1789  Raoul- Barbe-bleue  ,  paroles  de  Sédaine  ,  en 
3  actes. 


GRÉTRY-  M 

42°   1700    Pierre-le-Grand  ,    paroles    de     Bouilly  ,    en    3 

actes. 
43°   1791    Guillaume  Tell,  paroles  de  Sedaine,    en  3  actes. 
44°  1792   Basile  ou  A    Trompeur    Trompeur  et    demi ,  en 

1  acte  ,  paroles  de  Maréchal. 
45°  1792  Les  deux  Couvents,  en  2  actes,  paroles  d'un  ano- 
nyme. 
46°  1794  Dc7iis!e-Tyran, Maître  d'école  à  Corinlhe,  paroles 

de  Maréchal,  en  3  actes. 
47°   1794  La  Rosière  Républicaine  ,  paroles  de  Maréchal  ,  en 

3  actes. 
48°  1794  Joseph  Barra,  paroles  de  Lévrier,  en  l'acte. 
49°  1794    Callias ,  ou  Amour  et  Patrie,  paroles  d'HoFFMANiv, 

en  1  acte. 
50°  1797  Lisheth ,  paroles  deFAViÈREs,  en  3  actes. 
51°   1797  Anacréon  chez  Polycrate,   paroles  de  J.  H.  Gcv  , 

en  3  actes. 
52°  1797  Le  Barbier  de  Village,  à  l'Opéra,  paroles  d'un 

anonyme,   en  1    acte. 
53°  1799  Elisca,  au  théâtre  Feydeau,  paroles  de  Favières 

et  Grétry  neveu  ,  en  1  acte. 
54°   1801   Le  Casque  et  les  Colombes,  paroles  d'un  anonyme, 

en    1  acte. 
55°    1803  Dclphis   et  Mopsa ,  paroles  d'un   anonyme,    en 

3  actes. 


88  GRETRY. 

Il  a  laissé  aussi  en  manuscrit  les  partitions  d'opéras  non 
représentés  dont  les  noms  suivent  : 
56°  Alcindor  et  Zaïde  ,  paroles  de  S*** ,  en  3  actes. 
57°  Ziméo ,  paroles  d'un  anonyme  ,  en  3  actes. 
58°  Zelmar  ou.  l'Asile,  paroles  d'un  anonyme,  en  1  acte. 
o9°  Diogène  et  Alexandre ,  paroles  de  Maréchal,  en  3  actes. 
60°  Electre ,  paroles  de  Thilorier  ,  en  3  actes. 
61°  Les  Maures  d'Espagne  ,   paroles   d'un    anonyme  ,    en 
3  actes. 

OEUVRES  DE  LUCILE  GRÉTRY. 
V  1786  Le  Mariage  d'Antonio  (suite  de  Richard),  paroles 
de  Mad.  De  Beaunoir  ,  en  1  acte. 
N.  B.  Lucile  Grétry  avait  alors  treize  ans. 
2°  1787   Toinette  et  Louis,  par  la  même,  en  1  acte. 
Cette  partition  n'a  pas  été  gravée. 
M.  Castu-Blaze  a  donné,  en  1827,  un  choix  de  morceaux 
des  opéras  de   Grétry,   arrangé   avec   accompagnement   de 
piano  ,  sous  le  titre  de  Grétry  des  Concerts. 
PURLICATIONS   LITTÉRAIRES. 
1°  Mémoires  ou  Essais  sur  la  Musique,  1    vol.  in-8.  Paris  , 

1789. 
2°  Le  même  ouvrage,  avec  deux  volumes  additionnels,  de 

l'Imprimerie  du  Gouvernement ,  3  vol.  in-8,  1797. 
3°  La  Vérité  ou   ce  que  nous  fumes,  ce  que  nous  sommes, 

ce  que  nous  devrions  être,  3  vol.  in-8.  Paris,  1801. 
4°  Méthode  pour   apprendre  à  préluder  en   peu  de   temps 
avec  toutes  les  ressources  de  l'harmonie.   Paris,  1802. 


TABLE   GÉNÉRALE. 


AiGN*N,a  prononce  un  dis-  riages  samnites  qu'il  attribue 
cours  aux  funérailles  de  Gré-  au  mauvais  vouloir  des  acteurs 
try,  (V.  le  Moniteur  du  29  de  l'Opéra,  p  24.  —Était  des 
septembre  1813)  p.  6.  petits  soupers  chez   le  comte 

Amar,  a  fait  une  notice  sur   De   Creetz  ou  chez  Mad.    La 
Grétry   insérée  au    Moniteur  uuette,  p.  30. —  Connaissant 
du  30  septembre  18 là,  p.  6.    parfaitement   la    théorie   des 

Arnaud  (L'abbé)  console  beaux  arts  donnaitd'utilescon- 
Gretry    de  la   chute  des  Ma-   seils  à  Grétry,  p.  81. 

B 

Bassenge  aîné .  loué  dans  le  charger  de  faire  exécuter  un 
discours  de  M.  Renard,P. 48.—  De  profundis  qu'il  achevait, 
Auteur  d'un   chant   fait   pour  disait  il,pourlui-méme,78-79. 

l'inauguration  de  la  place  Gre Tenait  un  des  quatre  coins 

try.  p.  67.  du  poêle,  p.  79. 

Bellini  ,    semble   avoir   été       Boieldieu  revenu  de  la  Russie 
pénétré  de  ce  que   disait  Gré-  deux  ans  avant  la  mort  de  Gré- 
try, quand  il  composa  les  plus  try,  p.  70. 
beaux  morceaux  des Puritani,       Bocilly  ,     tenait    l'un    des 
de  la  Norma,  etc.  ,  p.  3S.  quatre  coins  du  poêle  aux  fu- 

Berton  ,  assistait  aux  funé-  nérailles  de  Grétry,  p.79.— Et 
railles  de  Grétry,  dont  il  ai-  fit  son  éloge  au  nom  des  au- 
maitàse  dire  l'élève,  p.  70.—  teurs  dramatiques,  p.  6.—Ex- 
Grétby,  huit  jours  avant  sa  trait  de  cet  éloge,  p. 69-70.  — 
mort   avait  prié  Berton  de  se    Autre  extrait,  p.  71. 


00  TABLE. 


C 


Caillot  ,     excellent   acteur  qui  demandèrent  au  gouver- 

et    chanteur   de  la   Comédie-  nement  l'impression   des  Mé- 

Italienne,  qui  donnait  de  très-  moires  de  Grétry  ,  par  l'impri  ■ 

bons  conseils  à  Gretry,p.  §0-  merie  nationale,  dans  l'intérêt 

31.  de  l'art,  p.  62.  — Assistait  aux 

Casali  ,  choisi  par  Grêtry,  funérailles  de  Grétry.  p.  70. 

à   son  arrivée  à  Rome,  pour  Clairon    (  M"e  ).  Grêtry  la 

maitre  de  contrepoint,  p.  15.  priait  de  déclamer  devant  lui, 

Catel    assistait    aux    funé-  les  morceaux  qu'il  avait  envie 

railles    de  Grétry,  p.  70.  de  mettre  en  musique,  p.  32. 

Champeim    est    un   des   com-  Creutz     (   Le    Comte    De    ) 

positeurs  dramatiques  qui  de-  ambassadeur   de  Suède,  pro- 

mandèrent     l'impression    des  tecteurde  Grétry,  p.  23.  —  Le 

Mémoires  de  Grétry  aux  frais  console  de   la  chute   des  Ma- 

du  gouvernement,  dans  Tinté-  riages  sa?n?iites  ,  qu'il  attribue 

rêt  de  l'art,  p.  62.  au  mauvais  vouloir  des  comé- 

Cherlbini    partageait    l'opi-  diens.  —  Obtient  de  Mariwostel 

nion   de  Grétry  sur  le  danger  son  poëmedu  fluron  pourGRÈ- 

de  prodiguer  les  grands  effets  try,  p.  24.  —  Donnait  de  petits 

demusique.p.34.— Sa  musique  soupers  charmants  où  Grétry 

dramatique  plus  énergique  que  essayait  sa  musique  au  clavecin 

cel!edeGRÉTRY,p.  56. — Est  un  avant  de  l'exposer  au  théâtre, 

des  compositeurs  dramatiques  p.  30. 

D 


Dalayrac,  ,   ami    de  Grétry  ,  1829  pour  la  remise  solennelle 

est  un   des  compositeurs  qui  du  cœur  de  Grétry.  p.  80. 

.•idressèrentunerequêleaugou-  David,  ce  que  Guétry  écrh  it 

vcrnement    républicain    pour  un  jour    sous    un    dessin    île 

faire  imprimer    les   Mémoires  David,  p.  7-4. 

de    Grétry  ,     à     l'imprimerie  Devienne  est  un  des  compo- 

nationale  ,    dans    l'intérêt    de  siteurs     dramatiques    finirais 

l'art,  p.  52.  qui  demandèrent  au  gouverne- 

Daussoigne,  neveu  de Méiiii.,  ment,  dans   l'intérêt  de  Kart , 

auteur   de  la  cantate  faite  en  l'impression  des  Mémoires  de 


TABLE.  91 

Grétry  par  l'imprimerie  royale,   liégeois,  p.  66.  —Auteur  delà 
p.  62.  musique  faite  sur  une  cantate 

Dezaides  auteur  de   la  mu-   dont   les    paroles    étaient  de 
sique   des    Trois  Fermiers  de    Heivkart    pour    l'inauguration 
Mortel.    Grétry    lui    renvoya   de  la  Place  Grétry,  p.  67.   - — 
Biaise  et  Bahet  qui  en  est  la  Rappelée  p.  80. 
suite,  p.  72.  Dcpii  ,  compositeur  des  pre- 

Dcmont,  sa  correspondance  miers  opéras-comiques  fran- 
avec  Gkétry  ,  p.  66-68.  —  çaisqui  eurent  du  succès,  p. 17 
Avait  envoyé  à  Grétry  un  duo  -Tl. 

E. 

Ei.leviou,  trouvant  les  mé-  à  la  mode  Richard,  X Ami  de 
lodies  expressives   de  Grétry  la  Maison,  \e  Tableau  parlant, 
plus  propres  à  faire  ressortir   Zémire  et  Azor  ,  etc.,  p.  57. 
son  talent  de  chanteur ,  remet 


Fabre  d'Egi.antine  ,  corné-  et  Gertrude  est  remis  en  mu- 
dien  disgracié  à  Liège  à  l'é-  sique  par  Grétry  et  joué  avec 
poque  où  Grétry  vint  visiter  succèsàGenève,  p.  18. — Possé- 
savillenatale,  p. 49. —Célèbre  dait  parfaitement  le  talent  de 
la  venue  du  grand  composi-  disposer  et  de  couper  les  pa- 
teur  par  une  é pitre  dont  le  rôles  pour  la  musique, p.  I'l. — 
succès  rétablit  les  affaires  de  Préféré  à  d'Hèle  par  Lauarpe, 
l'auteur  futur  du  Philinte  de  p.  45. 
Molière  ,  etc. ,  p.  50-51 . 

Fabry  (  Bourgmestre  de  Fétis  (F.  J.)  a  fait  une  im- 
Liége  ).  Grétry  rappelle  la  portante  notice  sur  Grétry  dans 
tendre  amitié  qu'il  lui  portait  sa  Biographie  universelle  des 
dans  presque  toutes  les  lettres  Musiciens,  p. 7. —  Son  opinion 
qu'il  adressait  à  d'autres  lié-  surle  Tableau  parlant , y. 1$.  — 
geois,  p.  68.  Sur  Sylvain,  les  Deux  .traies 

Fassin,  ami  commun  de  et  l'Amitié  à  Fépreuve,  p.  83. 
Hkmvart  et  de  Gkétry,  mort  en  Sur  Zémire  et  A sor,  p.  85-36. 
1811  ,  p.  67.  —    Longue   citation    sur    les 

Favart,  son  opéra  d'Isabelle  changements   survenus    dans 


92  TABLE. 

la  musique  pendant  la  vie  de        Flamand,   qui   avait    épousé 
Grêtry  ,  p.  56-58.  une  nièce  de  Grêtry  ,  disputa 

Fétis   (Edouard)  a   fait   une   à  la  ville  de  Liège  la  possession 
notice  sur    Grêtry,   pour  les  du  cœur  de  notre  grand  com- 
Belges  illustres   du   Panthéon   positeur ,  p.  79. 
national,  p.  7. 

G 

Gavaudan  ,  a  prononcé  un  duit  le  talent  de  GRsxz.E,p.76. 
discours  aux  funérailles  de  Grêtry,  ses  Mémoires,  prin- 
Gketry  {Moniteur  du  29  7bre.  cipale  source  où  l'on  a  puisé 
1813),  p.  6.  pour  faire  sa  notice,  p. 5. — Un 

Gerlache  (De)  auteur  d'un  assez  bon  nombre  de  ses  lettres 
Essai  sur  Grêtry.  travail  très-  '"édites  ont  été  communiquées 
remarquable,  p.  6.-Comme  il  a  Ijuleur  de  celte  notice,  p./. 
caractérise  la  musique  de  Gré-  T  N*"  LlcS«'  ^ns  le  quar- 
try,  p.29._Cequ'ilditdeZé-   tier  ^?u Jre-Meuse ,   le  11  fe- 

•  *  a  „..  «  Qfi  <\1  vrier  1/41  ,  p.  8. —  Entant  de 
mire  et  Azor ,   p.  êb-6/.    —  ' |r  .      .. 

i'i  »:i  e  :.  A„   v  /™,v  Aa  l„  choeur  a   Saint-Denis,  îb.  ■ — 

Eloge  qu  il  lait  de   I  Ami  de  la  ,  „        '  . 

Maison,  p.  38.  -  De  Y  Amant  Confie  aux  s0,nsd,  "n™«™  de 

Jaloux,  p.  48.-  De  Richard  musique  nomme  Leclerc,  p.  9. 

j     t  i*~    w    ho  K<3  —  Son  goût  pour  la  musique 

cœur  de   Lion ,  p.  ol-oà.  —  ®        1  i 

n     /    /■*    „-,..,„   «    ka  se    développe    en    entendant 

De  la  Caravane,  p.  54.  .  ri  . 

jouer  du  Pkrgoi.èse  a  Liège  par 

Gluck,  avait  failli  étouffer  Gre  une  troupe  italienne, p.9-10.— 
try, p.  41. Grêtry  repousse  mo-  Comment  il  réussit  en  chan- 
destement  un  compliment  du  tant  un  molet  à  Saint-Denis, 
prince  Henri  de  Prisse,  que  p  ]0.,i  _  rmnekw  lui  en- 
Glusk,  dit-il,  mérite  mieuxque  seigne  les  principes  de  l'har- 
lui,p.  52.  monieetMoREAulecontrepoint, 

Gossec,  ami  de  Grêtry  assis-  p.  12. —  Fait  six  symphonies, 
lait  à  ses  funérailles,  70.  —La  p.  13.  —  et  une  messe,  dans 
marche  funèbre  qu'il  avait  l'espoir  d'obtenir  un  subside 
composée  pour  Mirabeai  fut  pour  aller  à  Rome.  Le  cha- 
exécutée  au  convoi  de  Grêtry.  noine  De  HarlezIc  lui  fait  obte- 
p.  78.  nir.  p.  13.  —  Part  pour  Home  à 

'<;RAMii>N,peinlrclyoniiaispère    pied,  fin  mars  1789 .p.  14. 

le  la  femme  de  Grktry.  C'est  \  arrive  à  18  ans .  prend  pour 
lui  qui  avait  encouragé  et  pro-    maître  de  contrepoint  Gasai.i  . 


93 

TABLE.  ' 

p.  15.  —  Compose  des  scènes  lent  que  Grétry  fasse  la  musi- 
délachées  et  des  symphonies  que  de  leurs  poèmes;  mais  ce- 
qui  sont  jouées  avec  succès  lui-ci  accorde  la  préférence  à 
chez  les  amateurs  ,  p.  115. —  Marmostel  qui  s'est  hasardé 
Fait  à  Rome  un  intermède  qui  avec  Iui,p27.-  Ilsfontensem- 
est  applaudi  par  Piccini  lui-  hleLucile,  p.  27. —  Grètry  fait 
même,  p.  16. — A  encouru  une  ensuite  le  Tableau  parlant 
amende  de  cent  sequins  dont  1769.  Analyse  de  cette  pièce, 
il  est  relevé,  p.  16-17.—  Cou-  chef-d'œuvre  degaîté,  p.  28-29 
court  pour  uneplace  de  maître  — Mot  de  Je  an- Jacques  Rous- 
de  chapelle  à  Liège  et  l'obtient,  seau  sur  cette  pièce  qu'il  ai- 
p.  17.  —  La  musique  de  ce  mor-  mait  beaucoup, p. 29. —  Grétry 
ceau  était  sur  le  Pseaume  se  faisait  déclamer  par  les 
Confitebortibi Domine, p. 16 —  meilleurs  acteurs,  par  M"e 
La  partition  de  Rose  et  Colas  Clairon, entr'autres,  les  paroles 
de  Monsigny  lui  inspire  un  qu'il  voulait  mettre  en  musi- 
vif  désir  de  se  rendre  à  Paris  que,  p. 32.  —  En  1770  fait  Syl- 
pour  chercher  des  poëmes  du  vain,  les  deux  Avares,  et  1  A- 
même  genre,  p.  18. — S'arrête  initié  à  l'épreuve,  p.  33.  — Son 
à  Genève  où  il  donne  des  le-  opinion  sur  la  prodigalité  des 
tons  pour  gagner  les  frais  de  grands  effets  de  musique  parta- 
son  voyage,  remet  en  musique  gée  par  Méuul  ,  Lemoine,  Che- 
un  opéra  de  Fa vart  qui  réussit,  rueini  et  Lesueur,  3-4.  —  %é- 
p.  18. — Anecdote  d'un  maître  mire  et  Azor:  ce  qu'en  dit  M. 
de  danse  gascon  ,  qui  veut  lui  Fétis,  35.  —  Ce  qu'en  dit  M. 
apprendre  à  faire  la  rêvé-  De  Gerlache,  p.  36-37. — Réta- 
rence,  p. 19. — Sa  visite  à  Vol-  blit  les  finances  de  plusieurs 
tvire,  qui,  deux  ans  après,  lui  directions  deprovince,  p. 54.— 
envoya  un  opéra,  p.  20-21. —  VA tni  de  la  maison,  p.  38. 
Voltaire  lui  conseille  d'aller  à  —  Le  Magnifique  ,  la  Rosière 
Paris,  p.  22.—  Est  obligé  de  de  Salency  et  la  Fausse 
travailler  d'abord  sur  le  poème  magie,  p.  39.  —  Est  présenté 
d'un  débutant  inexpérimenté,  à  J.  J.  Rousseau  h  une  re- 
—  Chute  de  ses  Mariages  présentation  de  la  Fausse 
Sumnites  ,  chez  le  prince  de  magie,  leur  entrelien,  —  rup- 
Conti  ,  p.  23.  —  Le  comte  ture,  p.  39-41.  —  Pour  lutter 
de  Creutz  et  Suard  le  con-  contre  Gluck  il  fait  Cèphale  et 
soient,  p.  23-  24.  —  Mar-  Procris,  A ndromaque,  etc.  -42. 
montel  fait  pour  lui/e  Huron.  —  Retourne  à  son  genre  avec 
Succès  de  ccllepièce  ,p.  25. —  \eJugementde  Midas,  p. 42. — 
Cequ'endisaitGrimm,p.25-26.  Quatrain  de  Voltaire,  p. 43. — 
Tous  les  auteurs  d'opéras  veu-    //amant  jaloux,  p.  43.— Jugé 


94  TABLE. 

par  M.  de  GERi.AciiE,p.  -43,  par  sique  dans  Pierrc-le- Grand  , 
La  Harpe,  p. 44. —  Les  Evène-  Lisbeth,  Guillaume  Tell,  et 
vients  imprévus  et  Aucassin  Elisca,p^l . — Elleviou  remet 
et  Nicolette,  étrange  naïveté  à  la  mode  Richard,  L'ami  de  la 
deSÉDAnE,p.-i5. — Lesgarçons  maison  ,  Le  Tableau  parlant, 
de  théâtre  savaient  tous  les  Zèmire  et  Azor,  ibid.  — Gré- 
airs  par  cœur  avant  la  lrc  re-  try  attachait  peu  d'importance 
présentation,  p. -'i6.  — 1780. Le  à  l'instrumentation  de  ses  ou- 
conseil  de  la  cité  de  Liège  dé-  vrages.  C'est  Panseron,  père, 
crête  que  le  buste  de  Grétry  qui  a  fait  l'orchestre  de  ses 
sera  placé  sur  l'avant-scène,  vingt  derniers  ouvrages,p.  58. 
dans  la  salle  de  Spectacle  de  - —  Réflexions  de  l'auteur  de 
Liège,  p.  47. — Il  est  placé  en  cette  notice  sur  la  mélodie  et 
faccdelalegeduprince-évêque,  ^expression  qui  distingue  la 
j).  47-48.  —  En  I  782GRÉTKvre-  musique  de  Grétry  ,  ibid.  60. 
vientà  Liège, p. 48. — Sonarri-  — L'harmonie  ne  devait  servir 
vée  est  fêtée  par  des  vers  de  que  d'accompagnement  au 
Fabre  d'Eglaistine  ,  alors  co-  chant:  explication  d'un  mot 
médien  disgracié,  p.  49.  —  Le  de  Grétry  à  ce  sujet,  p.  61 . — 
succès  de  cette  épître  fait  Opinion  de  Grimm  sur  la  mu- 
rentrer  en  faveur  l'auteur  du  sique  de  Grétry  ,  p.  61-62. 
Philinte,  p.  50-51 . — Richard-  Les  Mémoires  de  Grétry  im- 
Cœur-de-lion  remis  en  scène  primés  aux  frais  du  gouver- 
tonl  récemment  avec  le  plus  nement  (1797)  ensuite  d'une 
grand  succès, p.  51. — Mot  du  pétition  adressée  à  l'autorité, 
Prince  Henri  de  Prisse  et  ré-  dans  l'intérêt  de  l'art,  par  MÉ- 
poosede  Gretry, p. 52. — Ceque  hcl,  Dalayrac,  Chercbini,  De- 
dit  M.  deGERi.AcnE  deRichard  ,  vienne,  Lesceur,  Gossec,  Langlé, 
ibid-53. — L'épreuve  villageoise  Lemoyne  et  Champeijv,  p.  62.  — 
ibid.  —  La  Caravane,  Pa-  GKÉTRYenfantdemandaitàDieu 
nurge  et  Jnacréon  ibid.  —  qu'il  le  fit  mourir  lejour  de  sa 
La  Caravane  plus  souvent  première  communion,  s'il  ne 
jouée  qu'aucune  autre  pièce,  devait  être  honnête  homme  et 
p. 54. — Joli  quatrain  fait  après  bon  musicien,  p. 63.  —  Aimait 
Ponurge,  p. 55.  La  musiquede  beaucoup  son  pays,  témoij;na- 
Grétra  obtient  encore  des  suc-  ges  empruntés  à  ses  lettres  à 
ces  même  dansdes  traductions,  M.  Hi.nkart,  p.  64,  à  M.  Phi- 
ihid.  —  Opinion  de  M.  Fétis  lippe  Le.^buoussart,  ibid. —  Le 
sur  la  musique  plus  énergique,  comte  de  Livry  lui  avait  fait 
dit-il,  de  Mehui.  et  de  Cherubiini  élever  une  statue;  son  buste 
p.  56.  —  Efforts  que  fait  par  Hoidon  ;  son  portrait  en 
Grktry  pour  imiter  cette  mu-  pied  par  Hubert  Lefévre,  p.65. 


TABLE.  05 

—  Inauguration  de  la  Place  dame  qui  dem.Tnd.Tit  son  suf- 
Grétry  à  Liège,  p.  65.  —  Té-  frage  pour  un  candidat  à  l'in- 
raoignagesde  reconnaissance  stitut,p.75 — Il  avait  épousé  la 
adressés  par  Grétry  à  ses  com-  fdle  du  peintre  Grandon,  p.  76. 
patriotes,  p.  66-67.  Sa  tendre  — Était  l'ami  intime  de Gkeuze, 
amitié  pour  l'ex-bourgmestre  p.  76.  —  La  perte  de  sa  fdle  Lu- 
Fabrv,  pour  Henkart  et  Bas-  cii.e  fut  très  -  sensible  pour 
senue,  p. 68. — Prend  part  à  une  Grétry,  p.  77 — Travaillait  en- 
souscription  pour  les  liouil-  eore  à  un  ancien  De  profundis 
leurs  (après  l'explosion  de  la  qu'on  n'a  pas  retrouvé,  huit 
houillère  Beavjonc),  ibid.  —  jours  avant  sa  mort ,  ibid.  — 
Achète  risVmiVagre  de  J.J.  Rocs-  Mortà  l' Ermitage  le  24septem- 
sEAuà  Montmorency  pour  y  pas-  bre  1813. p. 78 — La  possession 
ser  le  reste  de  ses  jours,  p.  69.    de  son  cœur  disputée  à  la  ville 

—  Eloge  que  fait  de  son  carac-  de  Liège  par  M.  Flamand, p. 80. 
tère  M.  Bociliy  ,  ibid.,  71. —  Greize  était  devenu  l'ami 
Refuse  de  faire  la  musique  de  intime  de  Grétt.y  qui  avait 
Blaiseet  Babet par  délicatesse,  épousé  la  fdle  de  son  ancien 
p. 72 — Réponse  de  Grétry  à  Ma-  maître  Grandon,  p.  76. 
P01.Ê0N  ,  p  73-7-4.  — Ce  qu'il  Grimm.  Son  compte-rendu  de 
écrivit  sous  un  dessin  de  Da-  la  première  représentation  du 
vin,  p.  74. —  Sa  réponseà  une   Huron,  p.  25-26. 


H 


Harlez^(de)  le  chanoine,  l'un  coursde  M.  Renard,  p.  48. — Ce 

des  Mécènes  les  plus  zélés  du  que  lui  écrivait  Grétry en  1807, 

jeune  Grétry,  lui   fait  obtenir  p.  64. — Autre  lettre,  p.  66. — 

du  chapitre  de   Saint-Paul  un  Auteur  desparoles  delà  cantate 

subsidepouralleràRome,p.l3.  faite  pour  l'inauguration  de  la 

—  D'Hèie  .  anglais  ,  auteur  de  Place  Grétry.-p.  67.  —  Grétry 

Y  Amant  jaloux    et  du  Juge-  le   mentionne    avec    Fabry   et 

ment  de  Midas,\>.  43.  —  Loué  Basseîyge  dans  presque  toutes 

par  M.   De    Gerlache,  ibid.  —  ses  lettres,  p. 68. 
par  La  Harpe  ,  p.  44-45.  — La 

pièce  des  Evénements  imprè-  Hou don  avait  fait  le. buste  de 

vus, p.  45.  Grétry,  en  marbre  blanc,  qui 

Henkart  cité    dans    le    dis-  était  au  foyer  de  l'Opéra, p. 65# 


96  TABLE. 


La  Harpe.  Éloge  qu'il  fait  de  de  Grétry  sur  le  danger  de  pro- 
l' Amant  jaloux,  p.  44-45.  diguer    les    grands  effets  de 

I.am.i  k  est  un  des  composi-  musique,  p.  34.  — -  Est  un  des 
teurs  qui  demandèrent  l'im-  compositeurs  qui  demandèrent 
pression  des  Mémoires  de  Gré-  l'impression  des  Mémoires  de 
try,  aux  frais  du  gouvernem1.  Gretry  aux  frais  du  gouverne- 
dans  l'intérêt  de  l'art,  p.  52.     ment,  p.  52. 

Laruette  et  sa  femme  étaient  Lesbrodssart  (Philippe).  Let- 
des  petits  soupers  du  comte  Ire  que  lui  adresse  Grétry  en 
de  Crectz  :  madame  Laruette  le  remerciant  de  l'envoi  de  son 
en  donnait  elle-même,  où  l'on  poëme  des  Belges,  p.  64. 
essayait  la  musique  de  Grétry  Lesceur  partageait  l'opinion 
au  piano,  p.  30.  de  Grétry  sur  le  danger  de  pro- 

Lebreton  (Joachim)  secrétaire  diguer  les  grands  effets  de 
de  la  classe  des  beaux  arts  de  musique,  p.  34.  — Est  un  des 
l'institut  royal  de  France  a  pu-  compositeurs  dramatiques  qui, 
blié  une  vie  de  Grétry  en  dans  l'intérêt  de  l'art,  deman- 
1814.  p.  6.  dèrent  l'impression    des  Mé- 

Leclerc  ,  depuis  maître  de  moires  aux  frais  du  gouverne- 
musique  à  la  cathédrale  de  ment,  p.  52.  —  Assistait  aux 
Strasbourg  ,  fut  le  premier  fuérailles  de  Gretry,  p.  70.  — 
maître  qui  développa  les  dis-  Livry  (le  comte  de)  avait  fait 
positions  du  jeune  Grétry, p. 9.   élever  une  statue  de   Gretry 

Lefevre  (Robert)  avait  fait  le   dans  le  vestibule  de  la  comédie 
portrait  en  pied  de  Grétry  qui   italienne,  p.  65. 
était    dans   la    salle    d'assem-        Lucile  Grétry  ,  la   seconde 
bléede  Y  Opéra  Comique,  p.  65.    fille  de  Grétry,  avait  fait  à  13 

Lemoine  partageait  l'opinion   ans  un  opéra  qui  réussit, p. 77. 


M 


MARMORTEL.LecomledeCreutz  la  préférence  sur  tous  les  au- 

le  décide    à  donner  à  Greihy  1res   auteurs  d'opéras.  —    Fis 

son  opéra  du ///mm,  p. 24.-  font  ensemble  Lucile,p.%l.. 

GftfcTHY  rcconiiaissanllui  donne  L1  (mi  de  la  maison  loue  par 


TABLE.  97 

M.  DeGerlachecI  par  Pujoulx,        Monsigny  le  plus  habile  des 
p.  38.  précurseurs  de  Grétry   à  l'O- 

Marsollier  tenait  un  des  péra  comique,  p.  17-22.  —  Sa 
quatre coinsdu drap  mortuaire  partition  de  Rose  et  Colas  dé- 
auxfunéraillesdeGRÉTRY,p.79.    cida   Grétry  à   quitter  Rome 

Méhul  a  fait  un  éloge  de  pour  aller  à  Paris  travailler 
Grétry  à  ses  funérailles, p. 6. —  dans  le  même  genre,  p.  17-18. 
Partageait  l'opinion  de  Grétry  Monvel,  auteur  de  Biaise  et 
sur  le  danger  de  prodiguer  les  Babet,  voulait  que  Grétry  en 
grandseffetsdemusique,p.34.  fit  la  musique;  Grétry  le  ren- 
Sa  musique  dramatique  plus  voye  à  Dezaides  qui  avait  fait 
énergique  que  celle  de  Grétry,  la  musique  des  Trois  Fer- 
p.  56.  — A  demandé  l'impres-  miers  ,  p.  72. 
sion  des  Mémoires  de  Grétry  ,  Moreatj,  maître  de  chapelle 
aux  frais  du  gouvernement,  de  Saint-Paul  donne  des  leçons 
dans  l'intérêt  de  l'art,  p.  62.      de  contrepoint  à  Grétry, p.  12. 

N 

Napoléon.  —  Parfois  un  peu  Niooi.o  (Isouard)  assistait  aux 
brusque.  Réponse  que  lui  fit  funérailles  de  Grétry  dont  il 
Grétry  ,   p.  7S-74.  aimait  à  se  dire  l'élève,  p.  70. 


Panseron,  père,  auteur    de        Phïlidor,  l'un  des  premiers 

l'orchestration  des  vingt  der-  compositeurs  d'opéras   comi- 

niers  opéras  de  Grétry,  p. 58.  ques  français   qui  eurent  du 

Pergolèse,  sa  musique  jouée  succès,  p.  17-22. 
à  Liège   par   une  troupe   ita-        Picciru    avait    continué     le 

lienne  développa  l'instinct  mu-  genre  naturel  et  gracieux  de 

sical  du  jeune  Grétry, p. 9. — Sa  Pergolèse:  on  le  jouait  à  Rome, 

Serra padronaimpire  à  Grétry  au  moment  où  y  arriva   Gré 

encore   fout  jeune,    l'idée  de  try. p. 15. — Applaudit  aupre- 

l'opéra-bouffe-français ,  p.  12»  mier  essai  dramatique  de  Gré 

Persuis  assistait  aux  funérail-  try,  p.  16. 
les  de  Grétry,  p.  70.  —  C'était        Pojoclx,  auteur  delà  notice 

lui  qui  devait  diriger  l'exécu  sur     Grétry  insérée    dans   la 

tion  du  De  profundis que  Gré-  Biographie  universelle,  p.  6  — 

try  avait  fait  pour  son  propre  Ce  que  lui  dit  Grétry  à  propos 

convoi  et  qu'on  n'a  pas  retrou-  de  X Ami  de  la  maison,  p.  â9. 
vé,  p. 77,  78. 


98 


TABLE, 


R 


RENARn-CoLLAuniN  a  prononce  cœur  de  Grétry  ,  à  la    ville  de 

un  discours  au  nom  de  la  So-  Liège,  p.  7. 
ciété  Grètry  ,  en  1829  ,  à  l'oc-        Rousseau  (J.  J.)  aimait  beau- 

casion  de  l'arrivée  du  coeur  de  coup  la  musique  du    Tableau 

Grétry  à  Liège  ,  p.  7. —  Éloge  Par/anf.p.29. — Son'entretien 

qu'il  fait  du  prince  Velbruck,  à  avec  Gketry  à  une  représenta- 

l'occasion  du  retour  de  Gketry  tion  de  \a  Fausse  flfagie,  p.39- 

à  Liège,  p.  -18-49.  -40. — Rupture  subite,  p.-iO.— 

Rcf^EKir»,  organiste  delà  col-  Son  Ermitage  à  Montmorency 

légiale  de  Saint-Denis  ,  donne  acheté  par  Grètry  ,  p.  69-70. 
des  leçons  d'harmonie  à  Grê-        Rouveroy  (Frédéric)  le  fa- 

try,  p. 12..  buliste   liégeois  ,    ce   que   lui 

Rogier  (Cfiari.es)  a  prononcé  écrivait  GRÉTRYen  1810.  p.  6-4. 

un    discours,    au  nom   de   la  — Auteur  d'un  chant  fait  pour 

Société  d'Emulation,  en  1829,  l'inauguration  delà  place  Gré- 

à    l'occasion   de  la  remise  du  try,  p.  67. 

S 

Sacchim.  mità-peu-près  d'ac-  Sedawe.  le  naturel  de  son 
cord  les  Gluckistes  et  les  Pic-  style  et  la  coupe  de  ses  vers 
cinistes  par  le  succès  de  son  plaisaient  à  Grètry  ,  comme 
OEdipe  àColone.yt.'-ML. —  Pré-  favorables  à  la  musique,  p. 22. 
caution  qu'il prenaitde  se  faire  — Le  style  d1 Aucassin  et iXico- 
déclamer  les  vers  français  par  lette  pas  aussi  naïf  que  la  mu- 
les meilleurs  acteurs,  avant  siqne  ,  p.  45. 
d'y  mettre  la  musique,  p.  32. 

V 

Velbruck  (  Prince-évêque  Grétry,  qu'il  appelle  musicien 
de  Liège).  C'est  sous  son  règne  homme  d'esprit,  p.  20-21. — 
que  Grétry  revint  dans  sa  Envoya  à  Gketry.  un  opéra  co- 
ville  natale.  —  Son  éloge  par  mique  le  Baron  d'Otrante. — 
]\I.  RE>ARD-CoLLARDi?«,p.  48-49.   Etrange  succès  de  ce  poème 

Verivet  .  le  peintre  de  ma-  présenté  comme  l'œuvre  d'un 
rino  était  de  la  société  habi-  jeune  auteur  ,  p.  21-22.  —  Son 
tuelle  de  Grétry.  Mot  de  ce  quatrain  à  propos  du  Jugement 
dernier  sur  Vernet,  p.  31.  de  Midas,  p.  43. 

Voltaire.  Accueil  qu'il  fait  à 


tioutirllee   p«bticottone   î>c   l'Imprimerie  fce   fêli*   (Ehtitari. 


\°  VIES  DE  QUELQUES  BELGES,  contenant  îles  Notices 
biographiques  sur  Ph.  de  Comsines;  —  Carlier. — Fassin. 
— Lambrechts. —  Le  général  Jardon.  —  Plasschaert. — 
Le  général  Ransonnet  et  ses  quatre  fils,  par  Félix 
Vais  Hulst. 

2°  NOTICE  sur  René  Sluse,  par  le  mêm& 


Sous  presse  : 

i°  MELANGES  DE  CRITIQUE  LITTÉRAIRE,  l  vol.  in-8-, 
par  Félix  Van  Hulst. 

2°  LA  BELGIQUE  LITTERAIRE  AU  XVIe  SIECLE ,  con- 
tenant des  Notices  sur  Christophe  de  Longuet*,,  Clénard, 
Gearles  de  Langue  s  Laevînus  Torrentius  ,  les  Orams 
ou  d'Heur  ,  Arnold  de  Wachtendonck  ,  Jean  Let.nout, 
Victor  Giselin,  Plantin,  Morettjs,  Raphelengius,  Jean 
Lievens  ,  André  de  Paep  ,  Pierre  van  Dieve  ,  André 
Vésale  ,  Charles  Lécluse  ,  de  Lobel,  Dodonnée,  Auger 
Busbecq,  Abraham  Ortélius,  Gérard  Mercator  ,  Simon 
steven  ,  van  meteren ,  vlvianus  ,  hubert  goltzit  s  . 
Lambert  Lombard,  Otto  Vjenius,  Dom.  Làmpson,  André 
Schott  ,  Juste-Lipse  ,  Jean  Griter,  etc.  Sera  publié 
par  livraisons  qui  formeront  deux  volumes  in-8°,  par  le 
même. 

3"  NOUVELLE  TRADUCTION  DE  LUCIEN.  Le  premier 
vol.  contiendra  les  Dialogues  des  morts.— Caron  ou  les 

OBSERVATEURS.   —  DES  SACRIFICES.  —  LES  PHILOSOPHES  A 

l'encan.  —  Le  Pécheur  ou  les  ressuscites.  —  Et  Le 
Tyran  ou  la  traversée,  4  vol.  in-.8°;  par  le  même. 


ML 

410 

G83H8 


Hulst,  Félix  Alexandre 
Joseph  van 
Grétry 


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